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Conférence sur les amphores : Entre commerce et rites funéraires au Musée public national maritime d’Alger

Hier, le Musée public national maritime d’Alger a accueilli une conférence fascinante intitulée « Les amphores, entre fonction commerciale et réceptacles funéraires », animée par le docteur en archéologie, Hakim Idirene. L’événement a permis de plonger dans l’univers des amphores, ces récipients emblématiques de l’Antiquité, qui ont joué un rôle crucial dans les échanges commerciaux et les pratiques funéraires, notamment sur le littoral algérien.

Le conférencier a commencé par évoquer l’importance des amphores en tant qu’indicateurs des échanges commerciaux dans les cités antiques, en particulier celles du littoral algérien. Ces récipients étaient utilisés principalement pour la conservation, le transport et le commerce de diverses denrées, telles que l’huile d’olive, le vin, la saumure et les céréales. Hakim Idirene a détaillé les différentes formes des amphores, précisant que les amphores oblongues étaient utilisées pour les liquides, tandis que les formes rondes étaient réservées aux produits solides.

Le cycle de vie des amphores a également été abordé par le conférencier. Après avoir servi à des fins commerciales, elles étaient parfois récupérées pour des usages variés : certaines étaient réutilisées dans la construction après avoir été pillées, d’autres servaient d’éléments de canalisation, et certaines étaient même employées à des fins funéraires. Cependant, comme l’a précisé le docteur Idirene, les preuves archéologiques de leur usage funéraire sont rares.

Un point clé de la conférence a été l’analyse des marquages présents sur les amphores. Ces marquages, réalisés avant ou après la cuisson, fournissent des informations précieuses pour les archéologues. Ils permettent notamment de définir les voies maritimes commerciales, les centres de production des amphores, et d’identifier les ateliers de fabrication, les marchands, les producteurs, et même les ports d’embarquement. Le conférencier a ainsi mentionné des découvertes marquantes, comme celles des amphores portant un marquage de Tubusuptu (El Kseur, aujourd’hui en wilaya de Béjaïa), une ancienne colonie romaine d’Afrique du Nord, retrouvées dans diverses régions méditerranéennes, y compris le sud de l’Italie, l’Espagne, l’Égypte, et même au Soudan, dans une tombe royale de l’empire de Koush. Cela laisse entendre que l’huile d’olive produite dans cette région était probablement exportée dans tout le bassin méditerranéen.

En ce qui concerne l’Algérie, plusieurs découvertes d’amphores ont été faites sur la côte centrale, à des sites tels que Tipasa, Alger, Aïn Benian, Bordj El Kiffan, Tamentfoust, Sidi Fredj et Cherchell. Ces découvertes révèlent des produits alimentaires en provenance de la mer Égée (Grèce actuelle), de l’Égypte romaine, de l’Italie et de l’Espagne. Le matériel amphorique retrouvé sur le littoral algérois présente des similitudes frappantes avec celui trouvé sur d’autres sites de la Méditerranée, tant occidentale qu’orientale, et ce, jusqu’aux périodes les plus tardives de l’Antiquité. Le vin campanien, notamment, était largement exporté durant le Haut Empire, suivi par l’huile et les salsamenta ibériques.

Hakim Idirene a également évoqué le rôle croissant de l’Afrique dans les exportations maritimes au IIIe siècle. À cette époque, l’Afrique, dont la région du Maghreb, a commencé à exporter son huile, ses saumures et probablement ses vins, en utilisant des amphores, principalement de production africaine.

Cette conférence a offert un éclairage fascinant sur le rôle essentiel des amphores dans l’histoire des échanges commerciaux et des pratiques culturelles de l’Antiquité, mettant en lumière les liens profonds entre le littoral algérien et les grandes civilisations méditerranéennes.

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