Cours de soutien, établissements clandestins : L’État passe à l’offensive
Par : Amani H.
Face à la prolifération des cours de soutien clandestins, les pouvoirs publics ont
décidé de mener une action concertée pour lutter contre ce phénomène qui
touche de plus en plus le système éducatif national. Le ministère du Commerce a
récemment lancé une enquête nationale portant sur les écoles privées de langues
étrangères qui, en plus de dispenser des cours de langues, se livrent à des
pratiques illégales en offrant des cours de soutien pour diverses matières
scolaires, au mépris des régulations en vigueur.
Cette initiative a été renforcée par des instructions fermes des hautes autorités du
pays, visant à renforcer le contrôle sur ces établissements. Des équipes mixtes de
contrôle, composées de représentants des ministères de l’Intérieur, de
l’Éducation nationale, du Commerce et des Affaires religieuses, ainsi que des
forces de police et de gendarmerie, ont été mises en place pour effectuer ces
investigations. Ces équipes ont pour mission de mener des enquêtes
approfondies sur les activités de ces établissements, en particulier ceux qui, tout
en étant enregistrés en tant qu’écoles de langues, dispensent des cours non
autorisés dans d’autres matières, notamment des matières des cycles de
l’éducation nationale.
Le ministère du Commerce a précisé que ces activités sont considérées comme
des infractions aux règles en vigueur, en dehors du cadre prévu par le code
d’activité inscrit dans le registre de commerce de ces établissements. Dans le
cadre de cette opération de contrôle, des fermetures d’établissements ont déjà eu
lieu en fin d’année, après que des violations ont été constatées.
L’aveu du ministre de l’Éducation nationale
En parallèle à ces mesures, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Sghir
Saadaoui, a répondu aux préoccupations des parlementaires concernant le
phénomène des cours de soutien. Le ministre a reconnu que l’engouement pour
ces cours est symptomatique de problématiques plus profondes au sein de
l’école algérienne. Selon lui, le recours massif aux cours particuliers révèle des
« lacunes » dans l’enseignement dispensé en classe. Il a aussi évoqué les
motivations qui poussent les enseignants à proposer des cours de soutien,
notamment des conditions de travail insuffisantes et une reconnaissance
professionnelle jugée trop faible.
Le ministre a souligné que l’une des raisons de la prolifération des cours
particuliers est également d’ordre financier, expliquant que les enseignants sont
souvent contraints de recourir à ces activités pour compléter leurs revenus, en
raison de la faiblesse de leurs salaires. De plus, les parents d’élèves consacrent
chaque année un budget spécifique pour ces cours, en particulier pendant les
périodes d’examen, où les tarifs des cours de soutien connaissent une hausse
importante. Ces coûts peuvent être inaccessibles pour certaines familles,
accentuant ainsi les inégalités sociales.
Pour résoudre ce problème, Mohamed Sghir Saadaoui a plaidé pour une réforme
en profondeur du système éducatif, soulignant que la lutte contre le recours
excessif aux cours particuliers passait par l’amélioration de la qualité de
l’enseignement public, ainsi que par l’amélioration du pouvoir d’achat des
enseignants. Il a précisé que la question des cours particuliers, et des motivations
financières qui en découlent, doit être abordée en parallèle avec une
revalorisation du statut des enseignants.
Dans cette optique, le ministère de l’Éducation nationale prévoit de mettre en
œuvre des mesures concrètes, y compris la révision des statuts des enseignants
et l’introduction de nouveaux régimes indemnitaires. Ces réformes sont
attendues avec impatience par les travailleurs du secteur, qui espèrent que ces
mesures permettront de renforcer la qualité de l’éducation et de réduire la
dépendance aux cours de soutien privés.
