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Oignons : Un défi de stockage et d’exportation face à une surproduction inattendue

Par : Amani H.

Il y a deux ans, l’oignon était devenu un produit rare et coûteux en Algérie, parfois vendu à près de 400 DA le kilogramme. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé : de pénurie, l’oignon est passé à une surabondance qui bouleverse le marché. Cette abondance nécessite désormais une gestion rigoureuse, avec l’exportation comme solution pour éviter un excédent incontrôlable. Cependant, les producteurs se trouvent confrontés à un défi de taille : l’insuffisance des infrastructures de stockage, incapables de gérer les volumes croissants. Ce paradoxe – passer d’une crise de pénurie à une crise de surplus – transforme un succès agricole en un véritable casse-tête logistique.

Retour sur les causes de la pénurie de 2023

La pénurie d’oignons en 2023 ne résulte pas d’un simple phénomène isolé, mais d’une série de facteurs complexes. La production avait chuté de près de 40% durant la campagne 2021/2022, avec seulement 510 000 quintaux récoltés, contre 841 500 l’année précédente. Cette baisse avait été provoquée par la dégradation des rendements, les pertes financières liées à une surproduction d’oignons estivaux, et l’apparition du mildiou, une maladie foudroyante. De plus, les mesures anti-spéculation, incluant des saisies massives, avaient semé une panique parmi les producteurs, les poussant à écouler rapidement leurs stocks. La situation s’était aggravée durant le mois de Ramadhan 2023, avec des prix qui atteignaient des sommets. En dépit de ces difficultés, l’Algérie était, en 2022, classée 10e producteur mondial d’oignons avec 1,76 million de tonnes.

Un excédent sans précédent et des défis de stockage

En 2025, l’Algérie fait face à une récolte exceptionnelle, avec des stocks d’oignons en excédent dans plusieurs wilayas, telles que Saïda, Tiaret et Khenchela, mais aussi dans le Sud. Cette surabondance est toutefois synonyme de nouveaux défis logistiques. Le stockage des oignons devient un problème majeur, notamment en raison de l’insuffisance des infrastructures adaptées à la gestion de ces quantités massives. En attendant la finalisation du programme national de construction de chambres froides, de nombreux agriculteurs continuent d’être confrontés à des conditions de stockage inadaptées, menaçant de provoquer des pertes importantes.

L’exportation comme solution stratégique

Pour faire face à cet excédent, l’exportation apparaît comme la meilleure option. Dès le début de l’année 2025, une cargaison de 40 tonnes d’oignons rouges a été envoyée vers la Libye via le poste frontalier de Boushbeika, dans le cadre d’un projet d’exportation plus vaste. Ce projet s’inscrit dans une stratégie visant à diversifier les exportations agricoles et industrielles de l’Algérie, notamment vers des pays voisins comme la Tunisie et la Libye. En 2024, l’Algérie avait déjà exporté 5000 quintaux d’oignons secs depuis Mascara vers ces deux pays.

Mascara, longtemps épicentre de la production d’oignons, connaît aujourd’hui des défis liés à l’irrigation intensive et à la baisse des nappes phréatiques. Face à cette situation, de nombreux producteurs se sont tournés vers des régions plus riches en ressources en eau, comme Tiaret, ou ont commencé à exploiter les terres désertiques du sud, notamment dans le désert de Nememcha, au sud de Khenchela. Ce choix a permis de développer une nouvelle dynamique de production, notamment d’oignons rouges, destinés à l’exportation vers la Mauritanie, et potentiellement d’autres marchés, comme ceux du Bangladesh et du Sri Lanka.

Diversification des exportations agricoles et soutien à la compétitivité

Cette dynamique s’inscrit dans un projet plus large de diversification des exportations agricoles hors hydrocarbures. Les producteurs bénéficient de diverses aides, dont le remboursement de 50% des frais de transport pour les produits agricoles périssables ou destinés à des marchés éloignés. En parallèle, des projets visant à améliorer l’irrigation et à renforcer la compétitivité des producteurs algériens devraient favoriser l’essor des exportations et permettre aux agriculteurs algériens de mieux se positionner sur les marchés internationaux.

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