Syrie : Ahmad Al-Chareh annonce un possible retard des élections pour quatre ans
Par : Amani H.
Le nouveau dirigeant du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmad Al-Chareh, a exposé sa vision de l’avenir de la Syrie, révélant que le pays pourrait ne pas organiser d’élections avant quatre ans. Al-Chareh, dont le groupe a pris le contrôle de Damas le 8 décembre à la suite d’une offensive rapide qui a conduit à la chute du président Bachar al-Assad, a fait ces déclarations lors d’une interview avec la chaîne saoudienne al-Arabiya.
Un long chemin vers les élections
Al-Chareh a souligné la complexité de la transformation politique à venir, notant que le processus électoral pourrait prendre jusqu’à quatre ans pour se concrétiser. Le nouveau dirigeant a également insisté sur la nécessité de réécrire la Constitution du pays, une tâche qui pourrait prendre entre deux et trois ans. Ce délai représente un changement majeur par rapport aux attentes de nombreux Syriens qui espéraient un retour rapide à un système démocratique après la chute d’Assad. De plus, le gouvernement dirigé par HTS a déjà annoncé la suspension temporaire de la Constitution et du Parlement pour une période de trois mois afin de permettre une restructuration politique nécessaire.
Appel au dialogue national
Lors de son interview, Al-Chareh a également mis en avant l’importance d’un « dialogue national » afin de créer une structure gouvernementale plus inclusive. Bien qu’aucune date n’ait été fixée pour une telle conférence, le dirigeant a insisté sur le fait qu’elle inclurait tous les Syriens, avec l’objectif d’assurer la représentation de divers groupes politiques et sociaux à travers le pays. Ce dialogue devrait aboutir à la dissolution de HTS, marquant un changement de rôle pour le groupe et peut-être une évolution vers un gouvernement plus centralisé.
Cet appel à l’unité nationale intervient à un moment où la Syrie reste profondément fracturée par plus d’une décennie de guerre civile, qui a fait plus d’un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et laissé une grande partie du pays en ruines. L’accent mis par Al-Chareh sur la réconciliation et un dialogue inclusif est perçu comme une tentative de guérir les profondes divisions qui déchirent la Syrie depuis le début du conflit.
Relations internationales et l’avenir de la Syrie
Les déclarations d’Al-Chareh ne se sont pas limitées aux affaires internes, mais ont également porté sur la place de la Syrie sur la scène internationale. L’un de ses principaux points a été la nécessité pour la Syrie de maintenir des relations solides avec l’Iran, qui a été un allié crucial du régime Assad tout au long du conflit. Le nouveau dirigeant a insisté sur le fait que les relations avec l’Iran doivent être basées sur un respect mutuel de la souveraineté et l’absence d’ingérence extérieure. Il a déclaré : « La relation Syrie-Iran est vitale pour la région, mais elle doit être fondée sur le respect de la souveraineté des deux nations. »
Al-Chareh a également abordé l’importance des liens de la Syrie avec la Russie, un autre allié de longue date d’Assad. Il a reconnu le rôle stratégique de la Russie, la qualifiant de pays ayant « des intérêts profonds » en Syrie. Notamment, il a exprimé ses inquiétudes concernant un éventuel retrait de la Russie, précisant que la Syrie ne souhaitait pas voir Moscou quitter le pays.
De plus, Al-Chareh a indiqué que l’Arabie saoudite pourrait jouer un rôle clé dans la reconstruction de la Syrie, soulignant que le pays pourrait profiter de « grandes opportunités d’investissement » dans le cadre de la reconstruction. Bien qu’il soit encore incertain comment le monde arabe interagira avec la Syrie sous cette nouvelle direction, la possibilité d’une implication saoudienne marque un tournant dans le paysage géopolitique de la région.
Le chemin à suivre
Le leadership d’Al-Chareh marque un tournant significatif par rapport à l’ère de Bachar al-Assad, dont le règne a été marqué par un autoritarisme sévère et une répression violente de la dissidence. En tant que dirigeant de HTS, un groupe islamiste radical qui a été à la fois un acteur majeur dans la guerre civile syrienne et un opposant farouche au régime Assad, Al-Chareh doit relever le défi de gérer le paysage politique dévasté du pays tout en rétablissant la paix et la stabilité après des années de destruction.
Bien que les déclarations d’Al-Chareh dessinent un avenir politique incertain et prolongé, la communauté internationale suivra de près les évolutions en Syrie. Alors que le pays entame un nouveau chapitre, le monde devra évaluer comment cette nouvelle direction prévoit de naviguer dans la réconciliation interne et dans ses relations avec les grandes puissances étrangères.
Pour les millions de Syriens affectés par la guerre, la question demeure de savoir si le dialogue national et les réformes politiques proposées mèneront réellement à une paix durable, ou si les luttes du pays continueront pendant encore de nombreuses années.