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Tensions à Malte : Lavrov, Blinken et l’OSCE sous haute tension

Par : Amani H.

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a fait une visite remarquée à Malte ce jeudi, marquant sa première présence dans un pays de l’Union européenne depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Cette visite s’inscrivait dans le cadre d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), mais elle s’est rapidement transformée en un échange d’accusations violentes et en une démonstration de fractures géopolitiques.

Dès son arrivée, Lavrov a lancé une attaque en règle contre l’Occident, accusant les États-Unis de raviver la guerre froide et de provoquer un conflit direct avec la Russie. Selon lui, ces mesures étaient motivées par le désir de « ramener l’OTAN sur le devant de la scène politique ». Ces déclarations ont immédiatement provoqué la réaction de plusieurs ministres européens présents à la réunion, notamment ceux de l’Ukraine, de la Pologne et de l’Estonie, qui ont quitté la salle en signe de protestation lorsque Lavrov a commencé à prendre la parole.

Andrii Sybiha, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, a qualifié son homologue russe de « criminel de guerre », remettant en question la légitimité de la Russie au sein de l’OSCE. « La Russie n’est pas un partenaire, c’est la plus grande menace pour notre sécurité commune », a déclaré M. Sybiha. Il a ajouté que la participation de la Russie à cette organisation représentait une menace pour la coopération en Europe. Ce geste de boycott n’était pas une première pour l’Ukraine : l’an dernier, le pays avait déjà refusé de participer au sommet de l’OSCE à Skopje en Macédoine du Nord, en raison de la présence de Lavrov.

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a également exprimé son soutien à l’Ukraine, accusant la Russie de chercher à « reconstruire l’empire russe » et promettant que son pays résisterait fermement à cette ambition. « Nous vous résisterons sur toute la ligne », a-t-il averti à l’attention de la délégation russe, soulignant les tensions croissantes entre la Russie et ses voisins européens.

La tension a culminé après le départ de Lavrov de la salle, lorsque le secrétaire d’État américain Antony Blinken a pris la parole. M. Blinken a implacablement réagi aux propos de Lavrov, imputant à la Russie la responsabilité de l’escalade en Ukraine. Il a notamment évoqué le déploiement des forces nord-coréennes en Europe et l’utilisation de missiles balistiques pour attaquer l’Ukraine, soulignant l’impact négatif des actions russes sur la stabilité régionale. Blinken a également exprimé sa déception face au comportement de Lavrov, qui avait quitté la salle sans écouter les autres interventions. « M. Lavrov est très doué pour noyer les auditeurs dans un tsunami de désinformation », a déclaré Blinken, avant de rappeler que l’Ukraine, en tant qu’État souverain, devait avoir le droit de faire ses propres choix, sans ingérence de Moscou.

La rencontre entre les deux hommes, bien que tendue, n’était pas prévue. Blinken, arrivé de Bruxelles après une réunion de l’OTAN, s’était initialement préparé à une rencontre avec les autres ministres, sans anticiper l’affrontement direct avec Lavrov. La situation politique aux États-Unis ajoute une autre dimension à cette confrontation : le président élu Donald Trump a suggéré qu’il pourrait mettre fin à la guerre en Ukraine « en un jour », alimentant les craintes que Washington réduise son soutien à Kiev ou envisage un compromis territorial avec la Russie.

L’OSCE, qui a succédé à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe créée en 1975 pendant la guerre froide, a joué un rôle crucial dans le maintien de la paix en Europe, en envoyant des observateurs et en facilitant la coopération sur des questions de sécurité et de droits de l’homme. Toutefois, depuis l’invasion de l’Ukraine, l’organisation a été paralysée par l’usage du droit de veto par la Russie, qui a bloqué plusieurs décisions importantes. Lavrov lui-même a qualifié l’OSCE l’année dernière d’« appendice de l’OTAN et de l’UE », soulignant ainsi les tensions internes à l’organisation.

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