L’Algérie a accédé a officiellement intégré la banque des Brics, la New Development Bank (NDB) -nouvelle banque de développement -, créée en 2015 par les cinq membres fondateurs de ce groupe : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
L’adhésion a été annoncée par la présidente de cette importante institution financière multilatérale, Dilma Rousseff. L’Algérie y accède avec une première participation à hauteur d’un milliard et demi de dollars. Quels peuvent en être les enjeux ? Que peut y gagner l’économie nationale ?
D’après l’expert en économie et finances, Mohamed Achir, « l’adhésion de l’Algérie à la banque des Brics, la NBD, est fondamentalement une opportunité supplémentaire pour diversifier les financements multilatéraux et donner plus de mécanismes aux systèmes bancaires et financier algérien pour qu’il s’insère davantage dans la finance internationale ».
Dans la pratique, nous explique-t-il, les financements de la NBD peuvent être mobilisés « surtout pour réaliser des projets d’investissement dans les secteurs des énergies renouvelables, les infrastructures numériques et de transport, tels que les voies ferrées et les ports, qui seront ainsi insérés probablement dans l’initiative de la ceinture et la route de la soie (BRI), pilotée par la Chine depuis octobre 2014 ». Aussi, « l’Algérie a bien fait d’avoir adhéré à cette banque pour diversifier à la fois ses sources de financement et de paiement international », avance notre interlocuteur, tout en soulignant que la Chine, en tant que premier partenaire économique du pays, pourra « utiliser cette banque pour des participations dans des projets d’investissement » sur le marché algérien.
Dans le même Etat d’esprit, l’expert évoque notamment des possibilités de levées de financements pour le projet des 15.000 MGW d’énergie solaire par exemple, mais aussi pour d’autres projets de numérisation et de renforcement de partenariat avec les pays africains. En ce sens, nous précise-t-il, « la NDB peut-être sollicitée comme une alternative à la rigidité des financements internationaux qui exigent des conditions draconiennes en termes d’empreinte carbone ».
L’ensemble des investissements entrepris dans le domaine gazier par exemple « sont menacés par des restrictions de financements s’ils ne respectent pas certains niveaux de décarbonation », ajoute-t-il. Dans ce même ordre d’idées, Achir souligne que les conditions de financement auprès de la banque des Brics sont négociables en fonction des intérêts stratégiques des pays et l’impact des projets concernés sur la coopération entre les membres de la NDB. Autrement dit, explique-t-il, « quand un projet est inséré dans la politique de coopération des pays membres et répond aux objectifs stratégiques des Brics, les conditions de financement et de remboursement seraient allégées ».
La NDB, rappelle-t-il en ce sens, « conteste les conditions draconiennes imposées par les institutions internationales traditionnelles (BM, FMI, SFI), donc en principe elle doit être plus souple et moins chère en termes de taux d’intérêt ». Et de souligner par ailleurs que cette importante institution financière multilatérale projette de « lancer un système de paiement et de règlement international pour ne pas dépendre du système dominant SWIFT et du dollar américain ».
L’extrajudiciarisation des lois américaines et le gel des fonds russes après la guerre en Ukraine ont poussé les Brics à dédollariser leurs échanges en utilisant progressivement des monnaies nationales telles que le yuan et le rouble, a souligné notre expert en affirmant que « même si le chemin est encore long, la voie est déjà bien tracée ».
