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Présidentielle / Pouvoir d’achat : Propositions des 3 candidats

Nous sommes au troisième jour de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 7 septembre prochain et les trois candidats à la magistrature suprême ont commencé à annoncer progressivement le contenu de leurs programmes économiques respectifs, mettant surtout, au centre de leurs engagements, leur volonté de contribuer au bien-être social des citoyens par le biais de différentes mesures et propositions visant à protéger et à augmenter le pouvoir d’achat des différentes catégories sociales, notamment les plus mal loties.
Les Trois candidats ont mis en avant des propositions à dimension sociale et économique propres à captiver l’intérêt des électeurs, mais qui ne manquent pas – du moins pour certains d’entre elles – de susciter quelques questionnements quant aux voies et moyens de garantir leur mise en pratique effective et surtout leur financement, sachant que les ressources financières du pays continuent encore à être conditionnées par la bonne tenue de la conjoncture pétrolière. Quoi qu’il en soit, l’urgence sociale semble de fait prendre le dessus – probablement à juste titre – dans les discours socioéconomiques des trois candidats, même si certaines orientations proposées semblent parfois pécher par un certain manque de réalisme, au regard surtout des enjeux que devrait susciter en parallèle la nécessité de prendre en compte la fragilité des finances publiques et l’impératif de préserver les équilibres macroéconomiques et macro-financiers du pays face aux caprices connus du marché pétrolier mondial.
Pour le candidat du FFS, pour améliorer le bien-être social il propose de doubler le salaire minimum garanti pour le porter à 40.000 DA est sans doute le mesure phare qui marque le programme socioéconomique du candidat du FFS, Youcef Aouchiche, à la présidentielle du 7 septembre prochain. N’hésitant pas à mettre en avant l’identité «sociale démocrate» de l’entité politique qu’il représente, le candidat du FFS axe l’essentiel de son programme économique sur la question du pouvoir d’achat des citoyens, promettant ainsi, autre le doublement du «SMIC», de nombreuses autres mesures sociales, dont il n’évoque cependant pas la façon dont il compte les financer. Il est question ainsi, selon ses engagements de campagne, d’une suppression pure et simple de l’impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires de moins de 50.000 DA, d’un relèvement du niveau des allocations familiales à 3000 DA par enfant, de l’instauration d’un revenu universel pour tous (chômeurs, femmes au foyers, handicapés…) de 20.000 DA par personne, de la réhabilitation du droit de départ anticipé à la retraite, ainsi que d’un plafonnement des prix des produits alimentaires de première nécessité et d’autres mesures au profit de différentes catégories sociales, à l’instar des étudiants et autres. Pour y faire face, le candidat du FFS propose surtout de mieux taxer les riches à travers l’instauration d’un impôt sur la fortune dans le cadre de la loi, tout en prônant la création de nouveaux pôles économiques, la lutte contre le marché parallèle et le lancement d’une nouvelle stratégie industrielle. Toutes favorables qu’elles sont aux besoins légitimes des populations, les propositions et engagements formulées par le candidat du parti d’Aït Ahmed laissent cependant sur la faim quant aux moyens de les financer, l’impôt sur la fortune ne pouvant pas être une panacée et les dépenses sociales étant toujours tributaires d’une contre-valeur économique et de nécessaires gains supplémentaires de productivité.
Pour le candidat indépendant M. Abdelmadjid Tebboune, il est nécessaire poursuivre la politique des réformes structurelles engagées durant son premier mandat et à conforter, en même temps, la consécration du caractère social de l’Etat à travers le soutien aux catégories sociales vulnérables, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et le renforcement du développement socioéconomique dans tous ses aspects. A la clé, une poursuite du processus de rattrapage progressif des traitements salariaux , déjà amélioré de 47% en trois ans, et qui devront donc être complétés durant les deux à trois prochaines années pour atteindre un total d’augmentation de 100%. En parallèle, le président-candidat entend conforter sa démarche de rattrapage de pouvoir d’achat en poursuivant la lutte contre l’inflation pour la ramener sous la barre des 5%, tout en renforçant l’appréciation du valeur du dinar, pour parvenir à le réévaluer à terme d’au moins 30% par rapport aux devises fortes. Une politique sociale adossée à un programme de réformes multisectorielles, avec en point de mire une augmentation de la part de l’industrie au PIB national pour la porter de 5 à 10%, une accélération des exportations hors hydrocarbures avec un objectif ambitieux de 30 milliards de dollars par an et l’achèvement du processus de numérisation, ainsi que des réformes visant la réforme de l’Etat et la modernisation de la gouvernance des banques et des finances publiques. L’enjeu pour le candidat Abdelmadjid Tebboune reste surtout de veiller à concilier entre les objectifs de sa politique de soutien à la croissance économique et à l’action sociale de l’État d’une part et à la nécessité d’empêcher un emballement trop excessif des dépenses publiques d’une autre part.
Quant au candidat du MSP M. Hassani Cherif Abdelali, il met en avant une révision progressive du SNMG. Pour Hassani Cherif Abdelali, les enjeux sociaux et la question des salaires et du pouvoir d’achat occupent également une place essentielle du programme proposé aux potentiels électeurs. Bien que plutôt prudent et, pour ainsi dire peu chiffré et quelque peu généraliste, le programme du candidat du MSP s’engage, entre autres, en faveur d’une «répartition équitable des richesses en revoyant les instruments de soutien aux pauvres et à la classe moyenne», «une révision progressive du salaire minimum garanti et des pensions de retraite», ainsi que l’adoption de «mécanismes de recensement périodique des revenus et des biens des individus». Le programme propose au demeurant de «renforcer les mécanismes d’incitation à la création d’emplois marchands», d’«approfondir les attributions de l’agence nationale de l’emploi», de «revoir le système d’allocations de chômage» et de réformer le régime actuel de sécurité sociale.
Le candidat du MSP a pour objectif économique d’atteindre un produit intérieur brut de 450 milliards de dollars, un revenu par habitant de 9000 dollars, un taux de chômage de 5% et une inflation des prix inférieure à 3% Des promesses, certes très encourageantes, mais qui ne sont pas très claires quant à leurs échéances et les ressources réelles à mobiliser pour les réaliser.

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