Un concours national du film documentaire et ducourt-métrage de fiction à l’automne prochain : Un impératif insoupçonné du 7éme art
par N.benouar
Louable initiative que celle qu’à annoncé l’association Milah de la wilaya de Mila en organisant un concours national du film documentaire et du court-métrage de fiction par le biais de son président, Mohamed-Lotfi Koudri et qui se déroulera entre le 31 octobre et le 2 novembre prochains.
Selon le président de l’association, le slogan retenu pour cette manifestation culturelle s’intitule « Notre histoire est importante et notre présent est créativité » et aura pour soutien financier, le ministère de la Culture et des Arts et aura pour résidence, la Maison de Culture, Moubarek El Mili.
C’est une information de taille et qui interpelle tous les professionnels du cinéma, y compris les amateurs surtout que le slogan donne le « la » à un grand déficit cinématographique en Algérie. Les salles de cinéma ont disparu du paysage depuis des lustres illustre bien ce déficit pour un art qui a sa grande part quant à l’épanouissement du citoyen et partant, lui permettre, à travers des documentaires de s’informer tout en évitant les fakes-news qui ont envahi le paysage médiatique.
En effet, si l’on prend en compte ce qui se passe dans nos petits écrans de télévision, nous constatons le nombre impressionnant de chaînes thématiques qui retiennent l’attention du téléspectateur pour opter pour telle ou telle chaîne, mais celle qui suscite un engouement certain, restent les chaînes dédiées à l’histoire.
Beaucoup de nos concitoyens suivent, presque, avec assiduité ces chaînes ce qui leur permet de s’informer de tous les détails de tels ou tel événement historique, le recul et les investigations sont là pour les décrypter et donner un sens à chaque décision des grands leaders qui ont façonnés le monde d’aujourd’hui. Cependant, ne soyons pas dupes, on sait que l’histoire est écrite par les vainqueurs et qu’à ce titre, la prudence est de mise pour ne pas tout avaler.
Je président de la République, Abdelmadjid Tebboune n’a pas hésité pour permettre à ce secteur de renaître de ses cendres et malgré quelques émissions dédiées à cet art à l’image de Nabil Debbache ou de Arab qui reprennent de manière encourageante quelques facettes de notre histoire, le déficit reste énorme pour voir nos concitoyens s’orienter vers d’autres espaces médiatiques.
Renaître de ses cendres, n’est pas une exagération, mais bel et bien d’un constat que pour les moins de cinquante ou soixante ans le savent bien puisque, au lendemain de l’indépendance, la télévision algérienne et malgré des moyens très limités, ont pu concocter des programmes assez riches qui ont fait le bonheur de beaucoup d’algériens. Il faut se souvenir de l’époque Boumediene avec les trois révolutions, la télévision algérienne avait accompagné ses projets avec un grand tact et le suivi a été une réalité qui fait encore des nostalgiques.
Cependant, le sujet qui nous tient à cœur, ce sont toutes ces recherches et autres investigations que doivent mener les historiens au même titre que ceux qui ont vécus des moments clefs de notre histoire, aussi bien durant la période coloniale que la période post-indépendance afin de les remettre aux journalistes et aux professionnels du cinéma pour produire des documentaires qui vont révéler des mensonges historiques ou des faits marquants de la construction de l’Etat algérien. Et ce ne sont pas tous ces faits qui manquent, bien au contraire, avec une histoire aussi riche que diversifiée et ne manquant nullement de soubresauts, les cinéastes ont du pain sur la planche pour faire des productions qui ne manqueront pas de susciter un intérêt particulier chez toute la population.
Il y a eu des tentatives dans ce sens à l’image d’une des émissions qui a fait le « buzz » en son époque, c’était durant les années mille neuf cent quatre vingt dix où la station régionale de Constantine avait produit une série de documentaires, intitulé « Les grands reportages ». On a été en admiration puisque des témoins de marque ont été invités pour parler de quelques faits marquants de notre glorieuse guerre de libération national, avec un Mohamed Boudiaf qui faisait des confidences avec son compagnon Labi Ben M’hidi ou encore Ali Mendjeli qui divulguait de façon magistrale ce qui s’est passé avec l’armée des frontières en Tunisie et le fameux camion de dix tonnes d’archives disparu dans la nature. Autant de faits que le simple citoyen et particulièrement notre jeunesse, doivent savoir ce qui s’est réellement passé à travers notre parcours pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. A défaut, ce sont d’autres médias qui le feront sauf, que ce qu’ils rapportent ne pourra jamais refléter la vérité historique.
Pour cela et rien qu’après l’indépendance, des faits majeurs ont été vécus avec des troubles entre l’armée des frontières et les combattants de l’intérieur avec le fameux slogan « Sept ans, Baraket ». la création de partis d’opposition et l’arrestation de quelques leaders de la révolution et pourquoi pas le déroulement véridique du coup d’Etat de feu Houari Boumediene contre le président Ahmed Benbella et toutes les turpitudes qui ont suivi. La mort de Boumediene et le choix de feu Chadli Bendjeddid ainsi que sa démission tout en évoquant la sinistre décennie noire. Les évènements de 1989 et l’avènement de la démocratie avec la création de partis politiques y compris l’émergence d’une presse indépendante. On peut citer aussi les choix qui ont été fait durant cette période avec l’avènement de Mohamed Boudiaf, le retour d’Aït Ahmed et Benbella, mais aussi le choix de Zeroual et ses deux proches collaborateurs, feu Mohamed Betchine et le général Tayeb Derradji, des témoins précieux pour comprendre aussi l’avènement de Bouteflika avec le retrait de tous les candidats à la présidentielle de 1999.
On peut attendre pour ce qui a suivi car, rien que ces périodes et ces hommes, les cinéastes et les historiens peuvent déjà piocher avec de nouvelles enquêtes et d’autres éléments nouveaux, car ce qui a été fait reste insuffisant et bien en deçà des attentes du citoyen. D’autres périodes avec d’autres hommes et femmes peuvent éclairer une opinion publique mal informée dont d’autres médias trouve en cela une belle opportunité pour imposer leur propres vérités. Il suffit pour cela de prendre en exemple et ce n’est pas réducteur, les autres médias qui ne cessent d’investiguer en apportant d’autres éléments qui remettent même en cause certaines vérités historiques, devenues des contre-vérités. Le cas de la deuxième et la première guerre mondiale sont toujours d’actualité au même titre que le ressassement de l’holocauste juif qui est présenté dans des milliers de facettes. Et on ne peut leur le reprocher car chacun est responsable de sa propre histoire, de la défendre et surtout de l’affronter quand bien même, elle recèle des taches noires et c’est le cas de tous les pays, surtout les grandes puissances qui, par le truchement de ces professionnels de l’audiovisuel aidés par des historiens, arrivent à décrypter une partie de l’histoire de leur pays. Le citoyen est en cela bien protégé et peut faire face lorsque d’autres viennent à biaiser son histoire.
Ainsi avec ce renouveau voulu par le peuple algérien, il semble qu’il est grand temps de nous réconcilier avec notre propre histoire et quoi de mieux que la cinématographie qui peut répondre à ces attentes car on ne peut avancer, même économiquement s le citoyen algérien n’est pas bien informé, c’est à ce titre que tout peut réussir, car le citoyen devient un véritable acteur de la vie publique et c’est comme cela qu’il imprégner de façon efficiente le concept de la citoyenneté.
Pour revenir à l’événement de ce concours, nous espérons une très forte participation à plus forte raison qu’il n’exclut pas les amateurs et à l’heure du numérique et des moyens existant, des jeunes peuvent faire dans une grande créativité qui ne fera que le bonheur de tous. Quand, même de nos jours, la presse dans toute sa diversité n’arrive pas à satisfaire les besoins des citoyens et ce pour plusieurs raisons, ce sont alors les adeptes du septième art qui peuvent le faire.
N.BENOUAR