Migrants : Nouveau drame en Méditerranée après trois naufrages au large de la Tunisie
TRAVERSÉE MORTELLE Les gardes-côtes tunisiens ont « secouru onze migrants illégaux de plusieurs nationalités africaines après le naufrage de leurs embarcations »
Un tombeau de mer. La Méditerranée est une nouvelle fois le théâtre d’un drame alors qu’au moins 29 migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne sont morts noyés dans trois naufrages au large de la Tunisie. Vingt-neuf corps ont été repêchés, ont indiqué les gardes-côtes tunisiens dans un communiqué ce dimanche, ajoutant avoir « secouru onze migrants illégaux de plusieurs nationalités africaines après le naufrage de leurs embarcations » au large de la côte est de la Tunisie.
Un chalutier tunisien a récupéré 19 corps après le naufrage d’une embarcation à 58 kilomètres au large. Une patrouille des garde-côtes a retrouvé huit corps au large de la ville côtière de Mahdia et secouru 11 migrants dont l’embarcation, qui se dirigeait vers l’Italie, a chaviré, tandis que des chalutiers ont récupéré deux autres corps.
Hostilité du pouvoir tunisien envers les migrants
Plusieurs dizaines de migrants sont morts dans une série de naufrages et d’autres sont portés disparus depuis le violent discours, le 21 février, du président Kais Saied sur l’immigration clandestine. Après ce discours, un bon nombre des 21.000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, avaient perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins.
Le président Francais et la présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni ont appelé vendredi à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, afin de contenir la « pression migratoire » que ce pays représente pour l’Europe. Rome craint une explosion des flux de migrants vers ses côtes, favorisée par les difficultés économiques et politiques en Tunisie, mais aussi par un temps clément à l’approche de l’été, facilitant les traversées.
La Tunisie négocie depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international (FMI) un prêt de près de deux milliards de dollars, mais les discussions entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui averti lundi que la situation en Tunisie était « très dangereuse », évoquant même un risque d’ « effondrement » de l’Etat susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’UE et d’entraîner une instabilité dans la région MENA » (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Une analyse qualifiée de « disproportionnée » et rejetée par Tunis.
20minutes