Chlef lance son chantier de station de dessalement : vers une souveraineté hydrique durable
Les premiers engins ont investi le site de la future station de dessalement d’eau de mer dans la commune d’El Marsa, dans la wilaya de Chlef, marquant le démarrage concret d’un projet stratégique pour l’Algérie. La cérémonie a réuni les dirigeants des groupes énergétiques et hydriques nationaux, dont le PDG de Sonatrach, Noureddine Daoudi, et le PDG de l’Entreprise algérienne de dessalement de l’eau (EADE), Lahcen Bada.
Ce chantier s’inscrit dans la deuxième phase du programme national de dessalement, une priorité présidentielle visant à garantir l’indépendance en eau du pays. « Ce projet fait partie du programme complémentaire approuvé en octobre dernier, comprenant également les stations de Tlemcen et Mostaganem », a précisé M. Daoudi. Chaque station pourra, à terme, produire jusqu’à 300 000 m³ d’eau par jour. La première phase de Chlef, qui sera livrée en 22 mois, fournira 150 000 m³ d’eau quotidienne, assurant l’approvisionnement de près de trois millions d’habitants dans les wilayas de Chlef, Médéa, Tissemsilt et Aïn Defla.
Outre la sécurisation de l’eau potable, cette initiative vise à renforcer la résilience face aux changements climatiques et à libérer les ressources hydriques traditionnelles pour le secteur agricole.
Une transformation majeure de la carte hydrique nationale
Chlef est la troisième station de cette phase à démarrer après Tlemcen et Mostaganem, dans la continuité d’une dynamique déjà engagée : cinq mégastations ont été mises en service cette année à El Tarf, Béjaïa, Annaba, Boumerdès et Oran. Aujourd’hui, le dessalement couvre 42 % des besoins nationaux, avec une production de 3,7 millions de m³ par jour, positionnant l’Algérie en tête de l’Afrique et au deuxième rang dans le monde arabe et en Méditerranée.
Après un investissement de plus de 2,4 milliards de dollars lors de la première phase, l’État mobilise 3 milliards de dollars supplémentaires pour cette nouvelle étape, qui prévoit la construction de sept nouvelles stations, ajoutant 1,8 million de m³/jour de capacité. L’objectif : atteindre 5,6 millions de m³/jour d’ici 2030, couvrant plus de 60 % des besoins en eau potable.
Une réponse stratégique aux enjeux climatiques
Ce programme s’inscrit dans un contexte de pression hydrique croissante, avec des projections annonçant une baisse des précipitations de l’ordre de 20 % dans le nord de l’Afrique d’ici 2050. L’Algérie mise ainsi sur un plan d’envergure, avec la construction de 27 stations le long de son littoral méditerranéen.
Comme l’a souligné le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, l’orientation de la dette publique vers des investissements à forte valeur économique et sociale reflète cette stratégie. « Des allocations massives ont été consacrées au renforcement du réseau électrique et à la construction de stations de dessalement, permettant également de soutenir des projets agricoles, industriels, miniers et ferroviaires structurants », a-t-il indiqué.
Chaque coup de pelle sur le site de Chlef dépasse donc le cadre local : il traduit la volonté de l’Algérie de bâtir une infrastructure hydrique résiliente, socle du développement économique, de la sécurité alimentaire et de la stabilité sociale du pays.
