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Giusy Buemi : « Le cinéma algérien mérite plus de collaborations avec l’Europe »

Giusy Buemi, directrice du Festival du cinéma africain de Vérone et spécialiste du cinéma algérien post-indépendance, était membre du jury du Festival international du court-métrage de Timimoun. Dans cet entretien réalisé par Souha Bahamid, elle revient sur l’évolution des nouvelles écritures, la place du cinéma algérien dans le panorama africain et le rôle des festivals pour faire émerger de nouveaux récits.

L’évolution du cinéma algérien
« Il y a évidemment une évolution par rapport aux décennies 1960, 1970 et 1980 », note Giusy Buemi. Selon elle, les transformations de la société algérienne se reflètent dans le cinéma. « Les jeunes réalisateurs expriment une urgence de parler du présent et de sujets actuels. On retrouve des films consacrés à la guerre de Libération nationale ou à la décennie noire, des thématiques toujours vivantes, même chez ceux qui ne les ont pas vécues. Mais j’observe aussi une grande diversité, des films sur la femme, l’émancipation, la société actuelle… Les styles et les modes de narration se multiplient. Le paysage est très varié. »

La place du cinéma algérien en Afrique
« Le cinéma maghrébin se situe à un très bon niveau », affirme-t-elle. Elle souligne l’investissement des gouvernements et le niveau technique souvent supérieur à d’autres régions du continent. « L’Algérie investit beaucoup, comme le montre cette première édition du Festival de Timimoun. Cette dynamique est très positive. J’aimerais d’ailleurs qu’il y ait davantage de collaborations avec l’Europe et de petits festivals comme le mien. »

Le rôle des festivals
Pour Giusy Buemi, les festivals sont essentiels à la visibilité des films africains. « En Europe, par exemple en Italie, il n’y a presque pas de distribution pour les films africains ; ce sont les festivals qui offrent une visibilité. Parfois, une ‘pépite’ peut ensuite accéder aux salles publiques. Ces dernières années, de grands festivals comme Cannes, Venise, Toronto ou Berlin accordent de plus en plus d’espace à ce cinéma. » Elle insiste sur l’importance de maintenir un haut niveau d’exigence artistique : « La qualité de l’histoire, la technique, la photographie, le jeu d’acteur… Le cinéma est avant tout un art visuel qui repose sur un ensemble cohérent. »

Un attachement personnel au cinéma algérien
« Oui, j’ai un attachement personnel », confie-t-elle. Sa thèse sur le cinéma algérien l’a conduite à étudier l’histoire du pays, à travailler au Centre culturel algérien de Paris et à découvrir la richesse de son cinéma. « C’est un pays qui me fascine par sa volonté farouche d’indépendance et par la force de sa Révolution. Au fil de mes visites, j’ai noué des liens personnels et amicaux qui renforcent cet attachement. »

Giusy Buemi plaide ainsi pour un renforcement des échanges entre l’Algérie et l’Europe afin de donner au cinéma algérien la visibilité qu’il mérite sur la scène internationale, tout en soutenant les jeunes talents et la diversité des récits africains.

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