474016945_1024725766355817_889645760994976524_n-696x464Actualités Culture 

Cinéma algérien : 164 professionnels interpellent le président Tebboune sur la crise du secteur

Un groupe de 164 professionnels du cinéma algérien — réalisateurs, producteurs, comédiens, techniciens et spécialistes de l’image et du son — a rendu publique une lettre ouverte adressée au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour exprimer sa « profonde inquiétude » quant à l’avenir d’un secteur qu’ils jugent aujourd’hui en « stagnation préoccupante ».

Tout en saluant l’intérêt exprimé à plusieurs reprises par le chef de l’État pour la relance du cinéma, les signataires constatent que cette volonté politique n’a, pour l’heure, trouvé aucune traduction concrète sur le terrain. Près d’un an après les Assises nationales du cinéma, leurs recommandations restent lettre morte, alimentant de nombreuses interrogations sur les raisons du retard et sur le blocage des réformes annoncées.

Des textes réglementaires jugés contreproductifs

La lettre, abondamment relayée sur les réseaux sociaux où la collecte de signatures se poursuit, critique l’adoption récente de textes législatifs et réglementaires considérés comme inadaptés.
Les professionnels citent notamment le décret portant création du Centre national du cinéma, conçu selon eux dans une logique administrative déconnectée de la réalité du terrain et ne reflétant pas l’ambition politique affichée de relancer le secteur.

Ils estiment que cette structure, censée devenir un instrument majeur d’organisation et de développement, n’a pas été construite sur des bases professionnelles solides, et qu’elle ne garantit pas la participation effective des acteurs du métier aux décisions stratégiques.

Une année 2025 annoncée comme « blanche »

Selon les signataires, aucun projet cinématographique, ni long ni court métrage, n’a bénéficié de financement cette année, laissant présager une année 2025 “blanche” sur le plan de la production.
Ils dénoncent l’absence d’une vision pérenne et d’un mécanisme capable d’assurer une dynamique régulière, rappelant que le Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques (Fdatic), pourtant rétabli après sa dissolution en 2021, n’a toujours pas été activé.

Le budget alloué actuellement au secteur, ajoutent-ils, ne dépasserait pas le coût d’un seul film de moyenne envergure selon les standards internationaux, illustrant l’ampleur du sous-financement.

Un appel à une refonte urgente du dispositif cinématographique

Les auteurs de la lettre estiment qu’il est indispensable d’instaurer un cadre de travail stable, lisible et conforme aux normes professionnelles reconnues, ce qui implique :

  • une implication renforcée des pouvoirs publics,
  • une révision des textes qui freinent l’activité,
  • l’activation transparente et effective du Fonds de soutien,
  • une restructuration du Centre algérien du cinéma avec des prérogatives clairement définies et intégrant les professionnels dans le processus de décision.

Ils soulignent que leur démarche n’est motivée ni par l’opposition ni par une logique de confrontation, mais par la volonté de contribuer à bâtir une véritable industrie cinématographique nationale, capable de s’imposer sur les scènes arabe et internationale.

Un appel collectif et fédérateur

Parmi les 164 premiers signataires figurent des noms reconnus du cinéma algérien, dont Bahia Rachedi, Bachir Dreis, Djaafer Gacem, Souhila Maâlem, Soudani Nacer, Yamna et Nabil Asli.

Cet appel se veut collectif, fédérateur et porteur d’espoir, dans l’objectif de faire de la mobilisation actuelle un point de départ pour une refondation tant attendue du cinéma national.

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