Catastrophes naturelles : l’Algérie pourrait perdre 2 milliards de dollars par an selon la Banque mondiale
La Banque mondiale (BM) alerte sur l’augmentation des catastrophes naturelles en Algérie, liée aux changements climatiques, estimant que leurs coûts « potentiels » pourraient atteindre 0,7 % du PIB par an dans les années à venir. Avec un PIB projeté à 298,6 milliards de dollars en 2026, cela représenterait environ 2 milliards de dollars par an, entre incendies de forêts et inondations. Sur les quinze dernières années, ces catastrophes ont coûté 545 milliards de dinars, dont près de 70 % pour la gestion des inondations.
Des risques climatiques en forte progression
Le rapport de la BM, divisé en trois chapitres, consacre le troisième à l’évolution du climat en Algérie. Il prévoit des risques accrus tels que la montée du niveau de la mer, la multiplication des inondations et des incendies de forêts. À court terme, la croissance économique reste étroitement dépendante des conditions climatiques, avec des épisodes de sécheresse pouvant affecter la production agricole, les prix alimentaires et les besoins d’importation.
Vers un développement résilient et adapté au climat
La BM préconise une stratégie de développement axée sur la résilience et l’adaptation. Les températures en hausse et la baisse des précipitations accentuent la rareté des ressources en eau. Entre 2005 et 2009, les précipitations annuelles étaient de 87 mm en moyenne, puis 90 mm entre 2010 et 2014, 80 mm entre 2015 et 2019, et seulement 60 mm entre 2020 et 2024. Cette diminution met en tension l’irrigation et la satisfaction hydrique des cultures, malgré les efforts du gouvernement, comme le dessalement de l’eau de mer et le traitement des eaux usées.
Le rapport souligne que les impacts du changement climatique varieront selon les régions. Le secteur agricole et les travailleurs ruraux du Nord-Ouest et des hautes plaines seront particulièrement touchés. La Banque mondiale recommande le développement d’une agriculture résiliente au climat et d’une gestion durable des ressources en eau, via l’irrigation moderne, la réutilisation des eaux usées et l’introduction de cultures résistantes à la sécheresse. Elle préconise également des stratégies régionales combinant appui agricole, protection sociale et mécanismes d’assurance pour limiter les effets économiques et sociaux des chocs climatiques.
Innovation et renforcement des infrastructures
La BM insiste sur le rôle du secteur privé dans le développement de technologies adaptées aux contraintes climatiques, afin de renforcer la résilience structurelle de l’économie et d’améliorer la productivité durable. Les zones urbaines densément peuplées du nord du pays, en pleine expansion, sont particulièrement exposées aux risques climatiques. L’adaptation des infrastructures, le financement des risques et l’intégration des considérations climatiques dans le budget national sont essentiels pour renforcer la capacité du pays à faire face à ces aléas.
Depuis le séisme de 2003, l’Algérie dispose d’un dispositif national de couverture des risques de catastrophes naturelles via le marché de l’assurance et de la réassurance, couvrant les tremblements de terre, inondations, tempêtes et mouvements de terrain. La BM recommande de poursuivre l’investissement dans des infrastructures résilientes, la protection des zones à risque et le renforcement de la préparation aux catastrophes.
