Washington change de cap : le retrait américain du sud inquiète l’Europe et redessine les priorités mondiales
Le gouvernement de Trump a dévoilé vendredi sa nouvelle stratégie de sécurité nationale, marquant un tournant radical dans la politique étrangère des États-Unis. Fini les interventions militaires destinées à remodeler le monde : Washington entend désormais concentrer ses efforts sur la protection de ses intérêts face à la Chine et à la Russie.
Cette réorientation a des conséquences immédiates pour plusieurs régions du globe. Le Moyen-Orient et l’Afrique sont relégués au rang de zones secondaires, tandis que l’Europe se voit sommée d’assumer davantage ses responsabilités stratégiques.
Fin des « guerres sans fin » au Moyen-Orient
Pour le Moyen-Orient, le ton est clair : les États-Unis abandonnent la logique d’engagement profond et de « nation-building ». Selon le général (2S) David Petraeus, ancien commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan, Washington passe désormais d’une stratégie de présence massive à une approche « transactionnelle et minimaliste », privilégiant frappes ciblées, opérations clandestines et soutien aux forces locales.
L’Iran reste identifié comme la principale menace, mais l’accent est mis sur la confrontation économique et la pression sur les alliés sunnites plutôt que sur une action militaire directe. Les questions de démocratie et de droits de l’Homme, longtemps mises en avant, disparaissent presque totalement du discours stratégique.
L’Afrique, simple terrain de rivalité sino-russe
Pour le continent africain, le changement est encore plus net. L’Afrique n’est plus considérée comme une priorité pour ses propres enjeux : elle est avant tout envisagée comme un terrain où s’affrontent grandes puissances et influences. La menace terroriste au Sahel ou en Somalie est à peine mentionnée ; l’attention américaine se concentre sur la concurrence avec Pékin et Moscou.
L’aide au développement, autrefois pilier de l’influence américaine, est désormais orientée vers des « accords commerciaux réciproques », favorisant les entreprises américaines et proposant aux pays africains une alternative aux investissements chinois.
L’Europe sommée de payer sa part
Le message aux alliés européens est sans ambiguïté : la protection américaine n’est plus automatique. La stratégie insiste sur un partage équitable des responsabilités au sein de l’Otan et sur la nécessité pour les pays membres d’atteindre 2 % de leur PIB en dépenses militaires, sous peine de voir le soutien américain conditionné.
Le partenariat transatlantique est désormais présenté comme un instrument à optimiser, avec des avertissements sur d’éventuelles mesures commerciales si l’Union européenne ne corrige pas les déséquilibres existants.
Entre inquiétudes et électrochoc stratégique
Ce repositionnement suscite des réactions contrastées. Certains diplomates européens redoutent un vide stratégique que d’autres puissances pourraient combler, avec la Russie renforçant sa présence en Afrique et les tensions régionales au Moyen-Orient accentuées.
D’autres analystes saluent cette posture comme un électrochoc nécessaire, contraignant les Européens à prendre enfin leur sécurité en main et à rééquilibrer le fardeau au sein de l’Otan.
La nouvelle stratégie américaine illustre ainsi un monde où la puissance des États-Unis devient à la fois plus concentrée, plus sélective et plus exigeante. Pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, l’époque des certitudes atlantiques semble désormais révolue.
