Le projet de gazoduc transatlantique fortement critiqué par un cabinet américain
Le cabinet américain North Africa Risk Consulting (NARCO) remet en cause la faisabilité économique du projet de gazoduc transatlantique présenté par le Maroc, visant à relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger. Selon les analystes, le coût colossal du projet, évalué à 25 milliards de dollars et pouvant atteindre 38 milliards, combiné à la complexité de la coordination entre 13 pays d’Afrique de l’Ouest, rend sa mise en œuvre pratiquement impossible.
NARCO qualifie le gazoduc Afrique-Atlantique (GAA) « d’éléphant blanc », terme désignant des projets coûteux, mais peu rentables. Le cabinet souligne que sur une capacité théorique de 30 milliards de m³, seulement 15 milliards atteindraient le Maroc, en raison des prélèvements estimés à 5 % pour chaque pays traversé. Avec une consommation nationale prévue de 3 milliards de m³ d’ici à 2040, le volume exportable vers l’Europe se limiterait à 12 milliards de m³, bien en deçà des exportations algériennes via Medgaz, qui s’élèvent à 44 milliards de m³ par an.
Pour illustrer l’ampleur de l’investissement requis, NARCO compare le GAA au gazoduc Medgaz (Algérie-Espagne), qui a coûté 1,4 milliard de dollars pour 10 milliards de m³ et n’a commencé à générer des bénéfices qu’en 2021, douze ans après sa mise en service. Sur cette base, le retour sur investissement du GAA pourrait prendre… 288 ans.
Le gazoduc transsaharien, une alternative jugée viable
À l’inverse, le gazoduc transsaharien, d’une capacité similaire de 30 milliards de m³, avance à un rythme régulier. Ses 4 200 km seront terrestres, avec seulement 1 000 km traversant le Niger, et les résultats des études restantes devraient être publiés en 2026 par le cabinet britannique Penspen. Geoff Porter, auteur du rapport de NARCO, souligne que ce projet est « réalisable » : la construction terrestre est techniquement plus simple qu’un gazoduc sous-marin et seule une nouvelle station de compression serait nécessaire au Niger.
Concernant les risques sécuritaires, souvent présentés comme un obstacle majeur, Porter estime que ces craintes sont « exagérées », les seules infrastructures sensibles étant les stations de compression, facilement protégées.
Ainsi, alors que le gazoduc transatlantique semble voué à l’impasse, le gazoduc transsaharien continue de progresser, offrant à l’Europe une alternative terrestre plus réaliste pour l’acheminement du gaz africain.
