Pour la première fois : la « finance islamique » pour les jeunes
Le gouvernement algérien envisage d’élargir et de diversifier les formules de financement destinées aux jeunes entrepreneurs, en y intégrant des solutions conformes à la finance islamique, sans intérêt et compatibles avec les principes de la charia. Cette initiative est portée par l’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat (ANSE), qui travaille en coordination avec les banques et institutions financières islamiques pour intégrer progressivement ces produits au sein de son dispositif.
Dans une réponse adressée au député du Conseil populaire national, Tahar Ben Ali, le ministre de l’Économie, de la connaissance, des start-ups et des PME, a précisé que l’action de l’agence repose sur trois axes principaux : la formation, l’accompagnement et le financement. L’agence ne se limite pas au soutien financier, mais forme également les porteurs de projets à la gestion d’entreprise, à travers des centres de développement de l’entrepreneuriat implantés dans tout le pays, notamment dans les universités et les centres de formation professionnelle, et accompagne les micro-entreprises à toutes les étapes de leur création, de l’idée initiale au démarrage de l’activité.
Sur le plan du financement, l’ANSE propose actuellement des prêts non rémunérés (sans intérêt) couvrant entre 15 % et 50 % du montant de l’investissement, selon la formule choisie (financement bilatéral ou trilatéral). Cette approche est conforme aux principes de la charia, notamment dans le financement bilatéral où l’agence et le porteur de projet contribuent chacun à hauteur de 50 %. Ces prêts peuvent également financer l’exploitation et la location.
Le ministère et l’agence travaillent aujourd’hui à élargir le spectre de ces solutions afin d’introduire de nouveaux produits de financement islamique, dans le cadre d’un programme de réformes de l’agence et en parallèle avec le développement du secteur bancaire islamique.
Dans ce contexte, l’agence a organisé le 17 mars 2025 une journée d’information sur les solutions de financement islamique à destination des micro-entrepreneurs, en partenariat avec la Banque populaire d’Algérie, avec la participation de dirigeants de petites entreprises et de porteurs de projets. L’événement a permis de présenter des formules adaptées aux besoins des micro-entreprises, telles que la murabaha pour l’équipement ou l’ijara avec option d’achat, et d’échanger sur leur intégration dans les mécanismes de financement de l’agence.
En parallèle, une révision de l’accord trilatéral avec les banques publiques est en cours afin d’officialiser l’intégration des produits de finance islamique dans le dispositif de financement de l’agence, couvrant à la fois l’investissement et l’exploitation.
Le 25 septembre 2025, une rencontre de coordination a également été organisée avec « Djazair Takaful », première institution publique d’assurance takaful (conforme à la charia) en Algérie, afin d’explorer des partenariats et l’éventuelle intégration des produits d’assurance islamique au soutien des micro-entreprises.
Ces initiatives s’inscrivent dans un programme progressif de réforme visant à moderniser les instruments financiers et à renforcer l’entrepreneuriat, en phase avec les évolutions économiques et financières du pays.
