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Avances monétaires de la Banque d’Algérie au Trésor : le ministre des Finances rassure

Le Trésor public pourra solliciter des avances financières auprès de la Banque d’Algérie (BA) dans le cadre du projet de loi de Finances (PLF) 2026, une pratique qui existe en Algérie depuis le début des années 1990. Lors de sa présentation devant la Commission des affaires économiques et financières du Conseil de la Nation, le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a tenu à dissiper toute inquiétude quant au bien-fondé de cette disposition, qui prévoit d’augmenter la limite maximale des avances sur les ressources budgétaires de 10 à 20% et d’allonger leur durée, actuellement fixée à 240 jours, à un an, avec possibilité d’une année supplémentaire.

Cette mesure a suscité des interrogations, certains y voyant une forme de financement non conventionnel ou de « planche à billets ». Le ministre a toutefois rappelé que la relation entre la BA et le Trésor est strictement encadrée par la loi monétaire et bancaire de juin 2023, et que de telles pratiques sont courantes dans plusieurs pays.

Ce que prévoit la loi monétaire et bancaire

L’article 48 de la loi stipule que la Banque d’Algérie peut accorder au Trésor des découverts en compte courant sur une base contractuelle, jusqu’à un maximum de 10% des recettes ordinaires de l’État constatées au cours du précédent exercice (hors fiscalité pétrolière). La durée totale de ces avances ne peut dépasser 240 jours par an, consécutifs ou non, et elles doivent être remboursées avant la fin de l’exercice.

Ce que propose le PLF 2026

Le PLF 2026 élargit le champ de ces avances pour offrir au Trésor une marge de manœuvre financière accrue, notamment pour le financement de grands projets d’infrastructures. L’exposé des motifs du projet précise que la notion de ressources budgétaires remplacera celle de recettes ordinaires, englobant désormais toutes les recettes de l’État, y compris celles provenant de la fiscalité pétrolière.

Ainsi, le PLF prévoit :

  • une augmentation de la limite des avances de 10 à 20% des ressources budgétaires,
  • la prolongation de leur durée à un an, avec possibilité d’une année additionnelle,
  • et la simplification de l’octroi des avances, à titre exceptionnel, sans déclarer une situation de crise.

Le point de vue d’un expert

Pour l’économiste et ancien vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Djamel Benbelkacem, ces avances ne constituent pas un financement non conventionnel, même avec le nouveau plafond de 20% et l’inclusion de toutes les recettes budgétaires. « À condition qu’elles soient remboursées dans les délais et selon les termes fixés par la loi monétaire et bancaire », a-t-il précisé, soulignant que le dispositif reste donc encadré et sécuritaire.

Avec ces mesures, l’Algérie vise à offrir au Trésor une plus grande flexibilité pour financer ses projets prioritaires, tout en maintenant la discipline monétaire et la stabilité économique.

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