La BAD mise sur l’Algérie : un partenariat stratégique en construction
La Banque africaine de développement (BAD) affiche un soutien affirmé aux grands projets économiques engagés par l’Algérie. Lors de sa visite à Alger les 16 et 17 novembre, son président, Sidi Ould Tah, a tenu un discours particulièrement élogieux envers la stratégie nationale, soulignant la solidité technique des programmes en cours, leur cohérence globale et leur dimension africaine. Plus encore, l’institution panafricaine se dit prête à financer une partie de ces projets, un signal fort de confiance dans leur viabilité et leur potentiel de transformation.
Une convergence de visions économiques
Pour la BAD, les orientations choisies par l’Algérie – industrialisation, valorisation locale des ressources, intégration africaine – s’inscrivent parfaitement dans ses propres priorités. Sidi Ould Tah a insisté sur la pertinence du choix algérien de privilégier la transformation locale des minerais, le développement d’infrastructures modernes et l’ouverture vers les marchés du continent.
L’un des projets majeurs retenus par la Banque est le corridor ferroviaire Laghouat–Ghardaïa–El Meniaa, long de 495 km. Il constitue la première grande étape d’une ligne transsaharienne de 2 000 km destinée à relier Alger à Tamanrasset, puis au Niger. Ce futur axe logistique stratégique permettra de désenclaver le Grand Sud, d’ouvrir des zones minières encore isolées et de renforcer la transformation locale des ressources. Un levier décisif pour l’industrialisation.
La BAD confirme son engagement financier
Estimé à 2,8 milliards de dollars, le tronçon Laghouat–Ghardaïa–El Meniaa représente un investissement lourd mais structurant. La BAD ne cache plus son intention d’y participer activement. Dès son arrivée à Alger, Sidi Ould Tah a affirmé que la Banque était « honorée » d’être pressentie comme partenaire de référence dans le cadre du réengagement de l’Algérie avec le financement extérieur, qualifiant cette évolution d’« étape majeure » dans les relations bilatérales.
L’institution souligne par ailleurs la capacité d’exécution exemplaire de l’Algérie, rappelant que le pays a réussi à construire 950 km de voies ferrées en seulement 24 mois, exclusivement avec des ressources nationales. Un fait rare sur le continent, qui renforce la crédibilité du programme ferroviaire.
À terme, l’Algérie ambitionne de doubler son réseau pour atteindre 10 000 km d’ici 2030, puis 15 000 km. Une vision qui répond à la nécessité de moderniser la logistique nationale et de connecter durablement les régions du Nord et du Sud.
Un modèle énergétique en transformation
La BAD salue également l’ambitieuse réforme du secteur énergétique algérien. L’objectif fixé – porter la transformation locale des hydrocarbures à 60 % d’ici 2035 contre 30 % actuellement – illustre une volonté claire : réduire l’exportation de matières premières et maximiser la valeur ajoutée nationale.
Cette transition repose sur un programme d’investissement massif : 60 milliards de dollars prévus entre 2025 et 2029 pour développer l’exploration, le raffinage, la pétrochimie, l’hydrogène et les industries dérivées du gaz. Les priorités incluent les engrais, les huiles, les pneumatiques et les filières minières liées aux terres rares et métaux critiques.
Pour la BAD, cette stratégie renforce l’autonomie industrielle de l’Algérie et en fait un acteur appelé à jouer un rôle central dans la transformation économique du continent.
Des ressources minières à fort potentiel continental
Le groupe de la Banque met en avant la richesse du sous-sol algérien : fer, zinc, or, terres rares et minerais stratégiques, souvent situés dans des zones sahariennes éloignées. Le corridor ferroviaire transsaharien pourrait réduire drastiquement les coûts logistiques et permettre la transformation locale de ces ressources tout en ouvrant des débouchés vers les marchés africains.
Pour la BAD, l’Algérie est l’un des rares pays à pouvoir rapidement devenir un pôle minier et industriel régional.
Le dessalement, un chantier stratégique salué par la BAD
Au-delà du rail, de l’énergie et des mines, la BAD s’intéresse également au secteur de l’eau. Lors de sa visite à la station de dessalement Fouka 2 – nouvelle unité de 300 000 m³/jour – Sidi Ould Tah a salué la capacité de l’Algérie à développer des solutions hydriques modernes et exportables. Pour la Banque, ce type d’infrastructure pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains confrontés à la sécheresse.
Une Algérie perçue comme pilier potentiel de la transformation africain
À travers ces annonces, la BAD envoie un message très clair : elle croit en la capacité de l’Algérie à devenir l’un des moteurs industriels, miniers et logistiques du continent. Son engagement financier annoncé et son admiration affichée pour les performances nationales traduisent une rare convergence de visions stratégiques.
