« Es Sakia » : forte émotion des enfants à la sortie de la projection du premier film algérien d’animation 3D
TIMIMOUN — À la cinémathèque « Malek Bennabi » de Timimoun, l’émotion était palpable dimanche après la projection du film d’animation « Es Sakia », première œuvre algérienne en 3D consacrée à un épisode marquant de la guerre de Libération. Les enfants présents, captivés par les images et bouleversés par le récit, ont quitté la salle avec un regard neuf sur l’histoire commune entre l’Algérie et la Tunisie.
Un moment inédit pour les jeunes spectateurs
Avant même que les lumières ne s’éteignent, la salle était plongée dans une atmosphère faite de curiosité, de chuchotements et de rires étouffés. Mais dès les premières scènes, le silence s’est imposé. Pour beaucoup d’enfants, il s’agissait de leur première rencontre avec un film historique en animation 3D, un format qui a rendu l’expérience à la fois accessible et poignante.
Un premier long métrage 3D de guerre dans le monde arabe
Réalisé par Naoufel Kalach, « Es Sakia » est un long métrage de 70 minutes, considéré comme le premier film d’animation 3D de guerre du monde arabe. L’œuvre explore l’histoire de Sakiet Sidi Youcef, ville frontalière devenue symbole de solidarité et de résistance durant les années les plus sombres de la colonisation française.
À travers un traitement mêlant réalisme, émotion et pédagogie, le film revisite un épisode souvent cité dans les livres d’histoire, mais rarement raconté avec autant de sensibilité, notamment à un public jeune.
Une histoire de solidarité dans la tourmente
Le récit suit Ahmed, un grand-père algérien, accompagné de sa fille et de son petit-fils Ammar, obligés de fuir leur douar pour échapper aux violences coloniales. Ils trouvent refuge à Sakiet Sidi Youcef, où un voisin tunisien, Belkacem, les accueille avec bienveillance et partage son quotidien malgré la pauvreté et l’insécurité.
Cette relation symbolise la fraternité entre les deux peuples, renforcée au cœur d’une période où la solidarité était une nécessité vitale. Le film n’hésite pas à dénoncer les crimes du colonisateur, notamment en reconstituant avec une grande intensité visuelle le bombardement meurtrier de Sakiet, une séquence qui a figé la salle dans un silence bouleversé.
Un film qui parle aux enfants
Pour les jeunes spectateurs, cette plongée historique a été une découverte marquante. Beaucoup n’avaient jamais entendu parler de cet épisode et ont été impressionnés par la qualité des animations, mais surtout touchés par les messages du film.
Sorti de la salle, Samir, 12 ans, confie :
« J’ai eu peur pendant le bombardement… Mais j’ai compris que les gens s’aidaient entre eux. »
Sa camarade Lina, 11 ans, retient surtout la dimension humaine du récit :
« Le monsieur tunisien qui aide la famille… ça montre qu’on doit toujours s’entraider. »
Entre mémoire, émotion et transmission
Avec « Es Sakia », le cinéma algérien pose une pierre importante dans la transmission de l’histoire nationale aux jeunes générations. En choisissant l’animation 3D, le film offre un langage visuel moderne et accessible, permettant de toucher un public plus large tout en rendant hommage aux anonymes — Algériens et Tunisiens — qui ont partagé le poids de la guerre.
La projection à Timimoun, accueillie avec enthousiasme, témoigne de l’impact de cette œuvre innovante, porteuse de mémoire, d’humanité et d’espoir.
