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Violence contre les femmes : une hausse inquiétante révélée par une étude de l’INSP

Une étude récente de l’Institut National de Santé Publique (INSP) met en lumière une augmentation alarmante des violences faites aux femmes au cours de la décennie 2013-2023. L’année 2023 enregistre un pic particulièrement préoccupant, avec plus de 4 000 cas signalés, selon les données communiquées par l’organisme.

Les femmes mariées, principales victimes

D’après la Dr Radia Djekoune, experte en épidémiologie à l’INSP, les femmes mariées constituent la catégorie la plus touchée : entre 43 % et 76 % des victimes selon les années. Les violences concernent également les femmes célibataires, veuves ou divorcées, avec des proportions oscillant entre 20 % et 30 %.

L’étude révèle aussi que les femmes au foyer sont particulièrement vulnérables, tandis que les femmes instruites victimes d’agressions affichent un taux intermédiaire et un âge moyen de 34 ans.

Un phénomène enraciné dans la sphère familiale

Les résultats dressent un constat préoccupant : les maris sont fréquemment identifiés comme principaux agresseurs, et les violences se produisent majoritairement au domicile familial, en particulier entre 17h et 21h. L’agression physique demeure la forme de violence la plus répandue.

Face à cette situation, l’INSP recommande notamment de former davantage le personnel de santé. « Il est impératif de fournir aux professionnels une connaissance approfondie du phénomène afin d’améliorer le dépistage, les soins et l’orientation des victimes », insiste la Dr Djekoune. Elle appelle aussi à l’élaboration de protocoles officiels d’orientation et de recours.

Un besoin urgent de données nationales fiables

La praticienne souligne par ailleurs le manque de données exhaustives sur la prévalence réelle des violences, plaidant pour une enquête nationale approfondie. « Ces résultats rappellent la nécessité d’une mobilisation collective pour briser le silence et protéger efficacement les victimes », conclut-elle.

Une prise en charge encore insuffisante

De son côté, le Pr Fadila Chitour Boumendjel, représentante du réseau « Wassila-AVIF », rappelle que la prise en charge des victimes souffrant de multiples pathologies implique une coordination entre plusieurs spécialités médicales. Elle alerte sur l’absence de victimologie dans la formation médicale, alors que tous les professionnels sont appelés à traiter des cas de violences.

Selon elle, le manque de moyens, de formation et la pression sur les services hospitaliers entravent une prise en charge optimale. « Le repérage systématique des victimes est essentiel pour comprendre l’ampleur réelle du phénomène », affirme-t-elle. Elle appelle enfin à ouvrir un débat national afin d’identifier les dysfonctionnements et d’améliorer la prise en charge institutionnelle.

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