Une famine sans précédent frappe le Soudan : les villes d’Al-Fachir et Kadougli en crise
Khartoum – Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), soutenu par les Nations unies, a confirmé pour la première fois l’existence d’une famine dans les villes soudanaises d’Al-Fachir et Kadougli, après un siège imposé par les Forces de soutien rapide.
Selon les rapports publiés mercredi, les habitants d’Al-Fachir, capitale de l’État du Darfour-nord, ont été contraints de se nourrir d’aliments pour animaux et parfois de peaux, en raison de la rupture des approvisionnements alimentaires. Les lieux de rassemblement destinés à la distribution de nourriture ont également été visés par des attaques de drones.
C’est la première fois que le IPC, observatoire mondial de la faim, classe ces deux villes dans une situation de famine, soulignant l’aggravation dramatique de la crise humanitaire au Soudan.
La guerre qui a éclaté il y a deux ans et demi entre le Soudanese Army et les Forces de soutien rapide a provoqué une malnutrition aiguë, des déplacements massifs de population, ainsi qu’une recrudescence des violences ethniques dans la région du Darfour.
Al-Fachir a été assiégée pendant près de 18 mois avant sa chute fin septembre, accentuant la division géographique du pays. Durant le siège, les habitants ont rapporté que les ruptures d’approvisionnement les avaient forcés à manger des aliments pour animaux et parfois leurs peaux, tandis que les cuisines communautaires étaient ciblées par des frappes aériennes.
Selon Sylvain Benicoud, coordinateur de Médecins sans frontières, tous les enfants arrivant dans la ville voisine de Tawila après avoir fui Al-Fachir souffraient de malnutrition sévère, et les adultes étaient dans un état de faiblesse extrême.
Par ailleurs, les procureurs de la Cour pénale internationale ont indiqué qu’ils collectaient des preuves d’exécutions extrajudiciaires et de viols collectifs commis après la prise de contrôle d’Al-Fachir par les Forces de soutien rapide.
Le rapport IPC basé sur l’analyse de septembre 2025 a également identifié les villes de Tawila, Melit et Tewisha comme étant à risque de famine, étant des points d’accueil pour les personnes fuyant Al-Fachir.
Malgré une légère baisse de six pour cent du nombre de Soudanais en insécurité alimentaire sévère, qui atteint désormais 21,2 millions de personnes (soit 45 % de la population totale), grâce à une stabilisation progressive et un meilleur accès au centre du pays sous contrôle de l’armée, la situation s’est aggravée au Darfour et au Kordofan, où la concentration des combats prive les populations de moyens de subsistance, fait flamber les prix et provoque de nouveaux déplacements massifs.
