Mahmoud Taleb à la Galerie Aïcha Haddad : la calligraphie au service de l’abstrait
Depuis le 1er novembre, la Galerie Aïcha Haddad à Alger-Centre accueille une exposition de peintures de Mahmoud Taleb, qui se poursuivra jusqu’au 11 novembre. Le public peut y découvrir des toiles où calligraphie et jeu chromatique se mêlent pour explorer l’art abstrait.
Pour la plupart de ses œuvres, l’artiste utilise la résine sur toile, tandis que les petites pièces sont réalisées sur bois. Ses compositions sont dépourvues de titres, laissant libre cours à l’interprétation. Dans ces œuvres, la calligraphie se détache sur des fonds colorés, parfois formelle, parfois abstraite, intégrant des extraits de poèmes ou des lettres de l’alphabet arabe étirées pour créer du mouvement et du rythme.
Les traits varient en épaisseur et en fluidité, alternant pleins et déliés pour produire des effets visuels et donner une sensation de dynamique à l’ensemble. La palette chromatique, riche et harmonieuse, associe teintes vives et ternes, chaudes et froides, créant profondeur et équilibre. Les couches épaisses appliquées au premier plan accentuent la matière et la gestuelle, tandis que l’arrière-plan reste plus lisse.
Un clin d’œil au cubisme se retrouve dans trois toiles de l’exposition. Ces œuvres, composées de plans imbriqués et de formes déformées, expérimentent textures, volumes et espace, produisant une atmosphère de dynamisme et de fragmentation. Les couleurs dominantes — rouge, jaune, bleu, vert — interagissent pour renforcer cette énergie visuelle.
« Je suis un spécialiste des fresques sur commande, mais ici, j’ai choisi la calligraphie libre, contraire aux règles classiques, pour explorer le mouvement et l’abstrait, qui ouvre des champs illimités à l’imagination », confie Mahmoud Taleb.
L’exposition illustre ainsi l’alliance entre tradition et modernité, où l’écriture arabe devient un élément pictural à part entière, guidant le regard et stimulant l’imaginaire du spectateur.
En invitant le public à redécouvrir la calligraphie sous un angle contemporain, Mahmoud Taleb propose un dialogue entre formes, couleurs et espace. Cette exposition démontre que l’art abstrait, loin de s’éloigner de la tradition, peut au contraire la réinventer et offrir de nouvelles perspectives sur le patrimoine artistique algérien.
