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Novembre dans la chanson : entre mémoire, revendications et exaltation

Dans l’imaginaire algérien, le mois de novembre ne se limite pas au souvenir du déclenchement de la Révolution. Il résonne aussi dans la chanson, où se mêlent revendications sociales, exaltation patriotique et mémoire collective.

Ce lien fort entre musique et engagement n’est pas un hasard. L’assassinat du chanteur Ali Maachi, le 8 juin 1958 à Tiaret, a fait de lui un symbole. Il sera plus tard honoré par l’instauration d’une Journée nationale dédiée à l’artiste, consacrant ainsi la chanson comme un instrument de lutte et de résistance.

Dans une société marquée par la tradition orale, à une époque où la radio commençait à s’imposer comme média de masse, la chanson s’est imposée comme le vecteur privilégié de l’expression populaire et nationale. Les poètes et compositeurs tels que Laïd El Khalifa, Moufdi Zakaria, Idir Aït Amrane ou encore Lakhdar Essaïhi ont transformé leurs textes en hymnes de revendication et de mobilisation, chantés lors des fêtes, dans les cafés de l’émigration ou les camps de scouts et de syndicalistes.

À travers les voix de Zerrouki Allaoua, Rabah Driassa ou encore Akli Yahiatène, le chant patriotique est devenu un véritable ciment de l’identité nationale. Des artistes comme Warda, Ahmed Wahbi, El Hadi Radjeb ou Farid Ali ont rejoint la troupe du FLN ou soutenu la cause indépendantiste, transformant leur art en arme culturelle.

Après 1962, la chanson a continué de célébrer Novembre et ses héros. Des artistes comme Abderrahmane Aziz, Cheb Mami ou Cherif Kheddam ont perpétué cette inspiration patriotique, évoquant tantôt la gloire des martyrs, tantôt la douleur d’une patrie meurtrie, mais toujours l’espérance d’une renaissance.

Des groupes comme Raïna Raï ont ravivé cette mémoire dans “Zabana”, hommage au premier martyr guillotiné, tandis que la jeune génération, à l’image du groupe El Dey avec “Ana Djazairi” ou de Baâziz dans “Algérie mon amour”, continue de faire vibrer cet attachement à la patrie.

Même quand les luttes changent, l’esprit de Novembre demeure présent. Takfarinas et Malika Domrane, dans “La femme du moudjahid”, ont donné une voix à la douleur intime des familles de combattants, tandis que d’autres artistes poursuivent le dialogue entre mémoire et modernité.

Aujourd’hui encore, la chanson reste un lien vivant entre passé et présent, une mémoire collective en mélodie. Comme l’écrivait Hadj M’hamed El Anka dans “Sobhan Allah”, saluant l’aube de l’indépendance en 1962 : une chanson, comme la culture, est ce qui reste après avoir tout oublié.

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