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Dalimen à la rentrée littéraire : la fiction à l’honneur au SILA 2025

Projet « Tafat » de Djenat Mahfouf : quand l’habitat saharien s’accorde avec la nature

Le projet Tafat (« lumière » en tamazight) imaginé par Djenat Mahfouf repense l’habitat saharien à la lumière des défis contemporains. Conçu pour la région de Djanet, ce modèle d’habitation met en valeur une architecture capable de dialoguer avec son environnement naturel et culturel, conciliant tradition, modernité et durabilité.

Architecte fraîchement diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger en design-espace, Djenat Mahfouf a présenté ce projet lors du Festival national de la création féminine, organisé récemment à la villa Boulkine à Hussein Dey. « J’ai voulu, explique-t-elle, revisiter les codes de l’architecture algérienne – la cour centrale ouast eddar, le moucharabieh – tout en fusionnant les modes de vie saharien traditionnel et contemporain. »

Son concept repose sur une unité centrale regroupant les espaces communautaires de la maison (salon, cuisine, salle d’eau), autour de laquelle gravitent des espaces individuels servant de chambres. L’ensemble est unifié par une large toiture conçue pour isoler thermiquement la structure tout en créant des zones d’abri extérieures. Cette couverture, surmontée de panneaux solaires, permet à l’habitat d’assurer sa propre autonomie énergétique et d’offrir des espaces de détente ou de stationnement.

Des matériaux locaux et des savoir-faire revisités

Dans une démarche écoresponsable, l’architecte privilégie les matériaux locaux tels que la terre crue et le bois de palmier traité. Ces choix s’inscrivent dans la volonté de réhabiliter les techniques de construction traditionnelles, souvent délaissées au profit du béton, peu adapté au climat saharien. « Ces matériaux assurent un meilleur confort thermique et réduisent la consommation énergétique », souligne-t-elle. Pour renforcer cette autosuffisance, Tafat intègre un potager destiné à la production alimentaire domestique.

L’habitation, pensée pour être implantée à la périphérie des zones urbaines, reste néanmoins connectée aux réseaux essentiels. Un système ingénieux de filtration permet de recycler les eaux usées pour irriguer le potager, créant ainsi un circuit court respectueux de l’environnement. Si le prototype correspond à une habitation individuelle, Djenat Mahfouf souhaite aller plus loin : « Mon ambition est de développer ce concept à d’autres régions, en adaptant les matériaux et les formes architecturales au contexte climatique et culturel local. »

Vers une architecture algérienne durable et identitaire

L’aspect économique du projet renforce sa pertinence : en utilisant des ressources locales, les coûts de construction diminuent, tout en favorisant l’emploi dans les régions concernées. Tafat se veut ainsi un modèle d’habitat durable, esthétique et socialement ancré, capable d’inspirer une nouvelle génération d’architectes.

Au-delà de son approche technique, Tafat symbolise une réflexion plus large sur l’avenir de l’architecture algérienne. En conjuguant héritage et innovation, Djenat Mahfouf propose une vision où chaque maison devient un prolongement du territoire, un espace vivant façonné par la lumière, la culture et la nature. Ce projet, à la fois poétique et pragmatique, illustre la voie d’un développement harmonieux, respectueux de l’environnement et fidèle à l’identité du Sahara.

Rendez-vous incontournable du monde du livre, le Salon international du livre d’Alger (SILA) marque chaque année la rentrée des éditeurs. Pour cette 28ᵉ édition, prévue du 29 octobre au 8 novembre au Palais des expositions des Pins Maritimes, les éditions Dalimen confirment leur position d’acteur majeur du paysage éditorial algérien. Reconnue pour son exigence et son ouverture, la maison poursuit sa démarche de valorisation des littératures venues d’Algérie et d’ailleurs, en français, en arabe et en anglais.

Cette année, Dalimen dévoile seize nouveautés couvrant un large éventail de genres, avec une nette prédominance du roman. Parmi les parutions phares figure Ce que disent les morts de Jugurtha Abbou, récit polyphonique où sept victimes du Covid dialoguent dans l’au-delà pour raconter leurs vies et leurs désillusions, dressant un portrait sensible de l’Algérie contemporaine. Rabia Djelti publie Sardjam, tandis qu’Atfa Memaï signe Le pays précédent, une méditation sur l’exil et la perte de repères.

Deux romans d’anticipation enrichissent la sélection : Gais. La coalition des relégués, réflexion sur le pouvoir et les dérives humaines, et La démesure du temps de Farid Younsi, à la croisée de la science et de la fiction. Le catalogue accueille également Les yeux dans le dos d’Azouz Begag, situé dans la Syrie de 1860, et Les aventures extraordinaires de Stanislas Portembois de Foster M., un roman tragicomique oscillant entre humour et philosophie.

Parmi les autres titres marquants figurent Les cris des premiers jours de Kaci Djerbib, à la frontière de la poésie et de l’essai, et Et si c’était à refaire ? de Houria Bousdira, une fresque villageoise entre beauté et cruauté. Belkacem Meghzouchene propose, quant à lui, Le dernier voyage du philosophe, inspiré du séjour de Karl Marx à Alger en 1882, tandis que le plasticien Mustapha Nedjai signe Réminiscences d’artistes, un texte sur la mémoire et la place de l’art dans la société.

La maison publie aussi Les griffes de l’écrivain d’Amin Zaoui, entre essai critique et méditation sur la littérature, ainsi que L’héritage du silence de Manel Benchouk, deuxième roman prometteur de l’auteure. Côté jeunesse, Amel Chouikh présente Mani Mina, un conte illustré par Ayan Saha rendant hommage à la cinéaste Yamina Bachir Chouikh, célébrant la transmission et la mémoire familiale. Enfin, Smail Chertouk et Sarah Handala livrent L’Algérie, tu l’aimes ou tu la kiffes !, un essai illustré qui explore avec humour et tendresse les multiples visages du pays.

Fidèle à sa tradition d’échanges directs avec les lecteurs, Dalimen proposera tout au long du salon des séances de ventes-dédicaces avec ses auteurs. Une rentrée littéraire dense et éclectique qui confirme la vitalité d’un éditeur engagé pour la diversité et la créativité des lettres algériennes.

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