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Un cessez-le-feu fragile mais porteur d’espoir au Moyen-Orient

Tel Aviv exultait, Khan Younis mêlait larmes et soulagement : la journée d’hier restera dans les annales comme un tournant majeur pour la paix au Moyen-Orient. Après deux années de guerre meurtrière dans la bande de Ghaza, le Hamas a remis les 20 derniers otages israéliens vivants, scellant un cessez-le-feu historique. En retour, Israël a libéré 1 968 prisonniers palestiniens, dans ce qui apparaît comme le plus vaste échange de détenus depuis plusieurs décennies.

Depuis la Knesset, Donald Trump – de retour sur la scène diplomatique – a salué la fin d’un « long cauchemar », décrivant une « Terre sainte enfin apaisée » et appelant à transformer cet accord en paix durable. L’ancien président américain s’est posé en architecte du pacte de Charm el-Cheikh, un document en 20 points dont la mise en œuvre reste incertaine, tant les obstacles structurels demeurent.

Une première phase décisive

La première étape de cet accord a été marquée par la libération des otages par le Hamas, tous transférés via la Croix-Rouge et accueillis en héros à Tel Aviv, sur la Place des Otages. En parallèle, des milliers de Palestiniens ont célébré la libération des prisonniers en Cisjordanie et à Ghaza, où des scènes de liesse ont contrasté avec les ruines de deux années de bombardements.

Parmi les détenus palestiniens libérés, 250 étaient accusés ou condamnés pour des actes liés à des attaques. Le Hamas a salué une « réussite nationale », qualifiant cet échange de « victoire pour notre peuple résistant ».

Un accord encore fragile

Si les armes se sont tues, les incertitudes, elles, demeurent. La viabilité de ce cessez-le-feu dépend désormais de la consolidation des engagements signés à Charm el-Cheikh. Donald Trump, en Égypte, a insisté sur la portée historique de l’accord, signé par l’Égypte, le Qatar et la Turquie, affirmant que « ça nous a pris 3000 ans, mais ça va tenir ». Il a également évoqué un désarmement progressif du Hamas, bien que le mouvement continue de refuser cette option tant qu’un État palestinien indépendant n’est pas établi.

Des sources palestiniennes ont confirmé que des émissaires américains avaient rencontré des représentants du Hamas avant l’accord, un signe de discussions souterraines malgré les lignes officielles.

La paix sous surveillance

Washington, avec ses alliés régionaux, envisage la mise en place d’un « Conseil international pour la paix », dirigé par Trump, pour gérer la transition à Ghaza. Ce conseil aurait pour mission de garantir la sécurité, encadrer le retrait israélien et superviser la gouvernance locale. Le Hamas, toléré dans l’immédiat pour des raisons de stabilité, demeure néanmoins une source de crispation.

La reprise en main sécuritaire de Ghaza par le mouvement islamiste, illustrée par une opération contre une milice pro-israélienne à Ghaza-ville (32 morts), illustre les tensions persistantes sur le terrain et la complexité du redéploiement post-conflit.

Charm el-Cheikh sans Netanyahu

Le sommet de Charm el-Cheikh, organisé pour sceller l’accord, a rassemblé plus de 20 dirigeants mondiaux, dont Emmanuel Macron, Giorgia Meloni, Pedro Sanchez et António Guterres. Toutefois, l’absence remarquée de Benjamin Netanyahu, officiellement pour raison religieuse, reflète un malaise intérieur. Le Premier ministre israélien fait face à des critiques croissantes sur sa gestion de la guerre et à des divisions profondes au sein de sa coalition.

Le Hamas, de son côté, a refusé de signer le document final, jugeant que l’accord servait avant tout à redorer l’image internationale d’Israël.

Un horizon encore incertain

Avec près de 68 000 morts palestiniens selon des sources locales, Ghaza sort exsangue de deux années de guerre. Ce cessez-le-feu, bien qu’historique, ne pourra se transformer en paix durable sans un règlement des causes profondes du conflit : l’occupation, le blocus, le statut de Jérusalem, les réfugiés et surtout, la reconnaissance d’un État palestinien souverain.

Pour l’heure, le monde retient son souffle. La paix est déclarée, mais sa survie reste suspendue à des équilibres fragiles et à la volonté politique des protagonistes de transformer un moment d’accalmie en véritable tournant historique.

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