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Finances publiques : l’État vise la relance tout en maîtrisant ses déficits

Malgré une politique de dépenses publiques résolument expansionniste destinée à soutenir la dynamique socio-économique en cours, l’État algérien affiche une volonté affirmée de garder ses finances sous contrôle. C’est ce qui ressort des grandes lignes du projet de loi de Finances (PLF) pour l’année 2026, ainsi que de la trajectoire budgétaire fixée pour la période 2026-2028.

Face à une conjoncture marquée par la baisse des plus-values générées par le secteur des hydrocarbures, le gouvernement adopte une stratégie budgétaire équilibrée, combinant soutien à l’investissement et discipline financière. Cette stratégie repose notamment sur une amélioration des recettes hors hydrocarbures et une allocation plus efficiente des ressources, tout en maintenant une vigilance accrue sur le niveau des déficits.

Des déficits en recul graduel

Selon le rapport de présentation du PLF 2026, les déficits budgétaires, bien qu’encore élevés, sont appelés à reculer progressivement. Ainsi, le déficit global du Trésor est projeté à 12,4% du PIB en 2026, puis 11,4% en 2027 et 11,2% en 2028. Cette baisse résulte d’une combinaison de mesures visant à renforcer les recettes fiscales, à mieux maîtriser les dépenses et à optimiser l’exécution budgétaire.

Les recettes budgétaires globales devraient connaître une progression continue :

  • 8.009 milliards DA en 2026,
  • 8.187,2 milliards DA en 2027,
  • 8.412,7 milliards DA en 2028.

Cette tendance haussière traduit, selon les projections officielles, une mobilisation renforcée de l’assiette fiscale et une meilleure performance des régies financières, malgré une baisse anticipée des revenus de la fiscalité pétrolière.

Baisse des recettes des hydrocarbures, hausse des recettes fiscales

Le PLF prévoit en effet une diminution continue de la fiscalité pétrolière budgétisée, qui passerait de 2.697,9 milliards DA en 2026 à 2.588,4 milliards DA en 2027, puis 2.513,5 milliards DA en 2028. En contrepartie, les recettes fiscales ordinaires devraient enregistrer une croissance moyenne de 6,6% par an sur la période, renforçant ainsi le rôle de la fiscalité hors hydrocarbures dans le financement des dépenses publiques.

Les recettes globales hors hydrocarbures devraient quant à elles progresser à un rythme annuel moyen de 1%, ce qui représente un effort soutenu de diversification des sources de financement budgétaire.

Des dépenses sous contrôle, sans austérité

Le document budgétaire mise également sur une gestion prudente des dépenses, en s’appuyant sur une hypothèse de consommation réelle de 70% des crédits alloués aux différents portefeuilles ministériels. Autrement dit, une part significative des budgets votés n’est pas effectivement consommée dans leur totalité, ce qui atténue l’impact réel sur le déficit.

À titre d’exemple, pour l’exercice 2025, les crédits notifiés dans la loi de Finances devraient être consommés à hauteur de 12.325,25 milliards DA, soit 70% du total alloué, contre un taux de 71,3% en 2024. Les dépenses de transfert et de personnel affichent des taux de consommation plus élevés, respectivement de 82,1% et 90,4%, traduisant leur caractère prioritaire et régulier.

En revanche, les dépenses d’investissement continuent de montrer une faible exécution, avec un taux de consommation estimé à 41,6% en 2025, contre 43% en 2024. Un constat qui souligne la persistance de goulots d’étranglement dans la mise en œuvre des projets, malgré les efforts de relance affichés.

Pas d’austérité, mais une vigilance assumée

Le gouvernement écarte pour l’instant tout recours à des politiques d’austérité. L’intention est claire : ne pas freiner l’élan de relance économique engagé, tout en garantissant la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. La prudence budgétaire affichée n’a donc pas pour but de restreindre les dépenses sociales ou les investissements productifs, mais plutôt d’en améliorer l’efficacité et la rentabilité.

Le maintien d’un prix de référence du baril de pétrole à 60 dollars, contre un prix de marché estimé à 70 dollars, témoigne d’une volonté de prudence dans les prévisions, afin de limiter les risques liés à la volatilité du marché pétrolier.


En somme, le PLF 2026 illustre la stratégie de l’État algérien : concilier relance économique, justice sociale et rigueur budgétaire, dans un contexte de transition vers une économie moins dépendante des hydrocarbures. Une équation complexe, mais jugée indispensable pour poser les bases d’une croissance durable et inclusive.

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