Les agriculteurs espagnols dénoncent un accord « illégal » entre l’UE et le Maroc sur les produits sahraouis
La Coordination des organisations d’agriculteurs et éleveurs espagnols (COAG) a vivement critiqué un nouvel accord commercial conclu entre l’Union européenne et le Maroc, qualifié d’« illégal » en raison de l’application de préférences tarifaires aux produits agricoles issus du Sahara occidental occupé. Pour les agriculteurs espagnols, cet accord constitue une violation flagrante du droit européen et installe une concurrence déloyale sur le marché.
Au cœur de cette controverse se trouve la reconnaissance implicite, par Bruxelles, des produits provenant du Sahara occidental comme étant d’origine marocaine, une pratique déjà invalidée par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans une décision antérieure. « La Commission européenne se moque une fois de plus des agriculteurs et des consommateurs européens », a dénoncé Andrés Gongora, président de la COAG, dans le journal espagnol El Independiente. Selon lui, la Commission et le Maroc bafouent non seulement les arrêts de justice, mais aussi le principe démocratique en agissant sans consulter ni le Parlement européen, ni le Conseil, ni même les acteurs agricoles concernés ou la population sahraouie.
Cette prise de position est également soutenue par le Front Polisario, représentant du peuple sahraoui, qui accuse l’Union européenne de chercher à contourner l’annulation de l’accord de 2018 et de violer directement le droit international et les décisions de la CJUE.
Face à cette situation, la COAG prépare une nouvelle action judiciaire visant à faire annuler cet accord devant la Cour de justice européenne. « Nous allons de nouveau faire appel à la justice pour empêcher que ces abus ne se reproduisent », a affirmé Andrés Gongora, résolu à défendre les intérêts de la filière agricole espagnole.
Le secteur agricole espagnol s’indigne aussi de la concurrence déloyale engendrée par ces importations, qui seraient massives et mal étiquetées. D’après plusieurs sources, environ la moitié des produits commercialisés sous label marocain proviendraient en réalité du Sahara occidental, ce qui fausse les règles du jeu. Juan Jesus Lara, président de la filière tomate à l’association Fepex, a exprimé son mécontentement en soulignant que ces pratiques ne favorisent en rien les producteurs espagnols, soumis à des normes sociales, environnementales et sanitaires strictes, souvent ignorées par les importateurs.
Les agriculteurs dénoncent également ce qu’ils perçoivent comme une « façade politique » de la part de Bruxelles, qui justifie cet accord comme une « aide au peuple sahraoui », alors que les demandes répétées d’un étiquetage transparent et d’un dialogue avec les représentants sahraouis restent sans réponse.
En conclusion, la COAG appelle à une révision urgente des accords commerciaux entre l’UE et le Maroc afin de respecter le droit européen, protéger les agriculteurs locaux et garantir la transparence envers les consommateurs, tout en prenant en compte les droits du peuple sahraoui.
