Industrie minière : le Président place la barre très haut pour l’avenir économique de l’Algérie
Lors d’une rencontre marquante avec les opérateurs économiques nationaux, tenue jeudi dans le cadre de la consolidation des acquis de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), le président de la République a affirmé une ambition claire : hisser l’industrie minière au même niveau stratégique que le secteur des hydrocarbures.
« Nous avons les moyens de réaliser des recettes en devises plus importantes que le pétrole », a-t-il déclaré avec force, insistant sur une gestion optimisée des ressources en phosphate, fer, zinc, plomb, baryte, et autres minerais. Le chef de l’État a souligné que le futur économique du pays passera par la transformation locale des matières premières. « Ce que le gaz et le pétrole ne pourront plus nous rapporter, nous le remplacerons par les recettes de l’industrie minière », a-t-il affirmé, martelant l’impératif de mettre fin à l’exportation des minerais bruts pour privilégier une chaîne de valeur intégrée sur le territoire national.
Pour concrétiser cette vision ambitieuse, l’Algérie mise sur trois mégaprojets miniers phares. Le premier est la mine de fer de Gara Djebilet, à Tindouf, l’un des plus vastes gisements mondiaux avec près de 3,5 milliards de tonnes. Pour désenclaver ce site, une ligne ferroviaire de 950 km reliant Béchar à Tindouf est en cours de réalisation. Ce projet vise à bâtir une filière sidérurgique intégrée capable de positionner l’Algérie comme un acteur majeur sur le marché africain de l’acier, dont la demande est en forte progression.
Le deuxième mégaprojet est celui du phosphate intégré (PPI) de Bled El-Hadba, dans la wilaya de Tébessa, qui s’étend sur quatre wilayas et nécessite un investissement de près de 7 milliards de dollars. Prévu pour produire plus de 6 millions de tonnes annuelles de produits phosphatés, ce chantier stratégique devrait générer environ 6000 emplois directs et 24 000 indirects, permettant à l’Algérie de s’imposer sur le marché mondial des engrais, en particulier en Afrique.
Le troisième projet concerne la mine de zinc et plomb d’Oued Amizour, à Béjaïa, l’une des plus importantes au monde avec plus de 24 millions de tonnes de réserves. D’une durée prévue de 19 ans, ce projet vise dans un premier temps à réduire la facture des importations avant de conquérir les marchés internationaux à partir de 2026, date de sa mise en service. Le zinc, métal clé pour l’industrie 4.0, représente un atout majeur face à une demande mondiale croissante.
Au-delà de ces trois piliers, la stratégie nationale mise sur un portefeuille minier diversifié. Le développement de la baryte, essentiel à l’industrie locale des hydrocarbures, avance avec des projets comme celui de Beni Abbès. Le manganèse, avec des ressources estimées à 2,9 millions de tonnes et une teneur moyenne de 35 %, constitue un autre secteur porteur. Enfin, l’Algérie ambitionne de devenir un acteur clé dans la filière lithium, pierre angulaire de la transition énergétique, grâce à la collaboration avec le spécialiste canadien Karim Zaghib, expert en stockage d’énergie et batteries.
Ainsi, l’Algérie engage résolument une transformation profonde de son modèle économique. Si le pétrole a été la pierre angulaire de sa richesse passée, c’est désormais la valorisation de ses ressources minières qui doit bâtir sa prospérité future. Avec ce pari audacieux, la présidence fixe le cap pour faire des mines « le nouveau pétrole » du pays, une ambition portée par des projets concrets et une volonté politique affirmée.
