L’Algérie face à la transformation du marché de l’emploi : des métiers disparaissent, d’autres émergent
En Algérie, la mutation du marché du travail s’accélère sous l’effet des avancées technologiques. Hafid Boudjemline, directeur général de FormaTech Expo et expert en transformation numérique, tire la sonnette d’alarme : « certains métiers sont en recul net sur le marché », observe-t-il. Alors que le pays s’engage lentement dans l’ère de la digitalisation, de nombreuses professions sont vouées à disparaître ou à changer de forme d’ici à 2030.
Selon les estimations fondées sur des études prospectives internationales, environ 35 % des métiers actuels pourraient disparaître dans les prochaines années, notamment ceux qui reposent sur des tâches répétitives ou automatisables. Parmi les plus menacés : les opérateurs de saisie, secrétaires administratifs, caissiers, téléopérateurs, ou encore certaines fonctions de bureau et de support administratif.
Le phénomène touche aussi l’industrie, où les chaînes de production automatisées remplacent progressivement les tâches humaines standardisées. Dans les services, ce sont les fonctions de back-office, de traitement manuel des données ou de contrôle de qualité standardisé qui sont appelées à évoluer ou à disparaître.
Cependant, disparaître ne signifie pas nécessairement extinction totale, insiste Boudjemline. La majorité de ces métiers vont se transformer, se fragmenter, ou se spécialiser. Un agent de saisie pourrait ainsi se reconvertir en analyste de données ou en opérateur de contrôle des flux automatisés. Ce processus de mutation exige des compétences nouvelles et une adaptation continue.
En Algérie, certains métiers sont déjà en net recul. Les professions artisanales ou manuelles comme la réparation d’appareils électroménagers classiques peinent à survivre face à la standardisation des produits importés et à l’évolution des modes de consommation. Le système de formation, quant à lui, semble en décalage avec cette nouvelle réalité. De nombreux programmes restent figés dans des référentiels obsolètes, formant des diplômés peu préparés aux exigences actuelles du marché du travail.
C’est pour répondre à cette problématique que le salon FormaTech Expo, prévu en octobre prochain, se positionne comme un carrefour stratégique entre formation, innovation et emploi. L’événement mettra en lumière les métiers émergents, les transformations des professions existantes et les compétences clés de demain. Objectif : anticiper les mutations du marché et construire un écosystème de formation aligné sur les besoins réels des entreprises.
Parmi les secteurs porteurs identifiés figurent ceux liés à l’intelligence artificielle, à la science des données, au machine learning, à la vision par ordinateur ou encore au traitement automatique du langage. Ces métiers du futur, déjà présents dans les grandes entreprises, les centres de recherche et les start-up algériennes, nécessitent des profils techniques hautement qualifiés. À cela s’ajoutent les nouveaux métiers de la cybersécurité, comme le hacker éthique ou les spécialistes de la sécurité des objets connectés et du Cloud, très demandés face à la montée des cybermenaces.
Plus qu’un simple constat, l’intervention de Hafid Boudjemline est un appel à l’action : moderniser la formation, anticiper les besoins du marché et préparer la jeunesse à des métiers en constante évolution. Car si certains emplois s’effacent, c’est avant tout la nature même du travail qui change — et l’Algérie ne peut se permettre de rester à la traîne.
