Hydrocarbures : l’AIE revoit sa position et valide la stratégie énergétique de l’Algérie
Dans un virage inattendu, mais hautement stratégique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelle à une hausse significative des investissements dans les projets pétroliers et gaziers pour maintenir les niveaux de production actuels et répondre à la croissance continue de la demande mondiale. Cette nouvelle position, exprimée dans un rapport publié hier, marque un infléchissement clair de la ligne traditionnelle de l’AIE, souvent perçue comme plus favorable à la transition énergétique et aux intérêts des pays consommateurs.
Fondée sur l’analyse de données issues de 15 000 champs pétroliers et gaziers à travers le monde, l’étude de l’AIE alerte sur une accélération du déclin naturel de la production dans les sites existants, avec des répercussions majeures sur la sécurité énergétique mondiale. L’agence, jusque-là prudente vis-à-vis des énergies fossiles, souligne qu’environ 90 % des investissements actuels sont consacrés à compenser ces pertes de production. Un déficit qu’il est impératif de combler par de nouveaux projets, estime-t-elle, en évaluant les besoins d’investissement à 570 milliards de dollars pour l’année 2025.
Une validation indirecte du cap énergétique algérien
Cette évolution du discours de l’AIE vient conforter la stratégie mise en œuvre par l’Algérie, qui multiplie les projets d’exploration et de production d’hydrocarbures. Dotée d’un potentiel avéré en gaz naturel et en pétrole, et bénéficiant d’un cadre légal incitatif depuis la promulgation de la loi sur les hydrocarbures de 2019, l’Algérie attire l’attention croissante des grandes firmes internationales.
Ces deux dernières années, la compagnie nationale Sonatrach a conclu de nombreux protocoles d’accord avec des majors mondiaux comme ExxonMobil, Chevron, Occidental Petroleum ou encore TotalEnergies. Ces partenariats s’inscrivent dans la nouvelle dynamique initiée par le programme « Algeria Bid Round », lancé fin 2024, qui a rencontré un écho positif sur les marchés internationaux en matière d’appels à concurrence dans la prospection et la production d’hydrocarbures.
Vers de nouveaux projets d’envergure
Les investissements attendus à la suite de ces accords devraient permettre à l’Algérie de renforcer sa production, de renouveler ses capacités de réserve, et de répondre efficacement à la croissance de la demande intérieure. Ils visent aussi à consolider la position du pays en tant que fournisseur énergétique fiable sur la scène internationale, en particulier vers l’Europe, à la recherche de partenaires alternatifs pour sécuriser ses approvisionnements.
Cette orientation prend d’autant plus de sens à la lumière des prévisions de l’Opep, qui table sur une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 17 % d’ici 2050, pour atteindre plus de 120 millions de barils par jour. La transition énergétique, bien qu’inéluctable à long terme, ne semble pas en mesure de se substituer à court ou moyen terme à la place centrale qu’occupent encore les énergies fossiles dans l’équation énergétique mondiale.
Un choix stratégique assumé
Dans ce contexte, l’Algérie fait le pari d’un positionnement pragmatique : accompagner la transition énergétique tout en tirant parti de ses atouts naturels et de la conjoncture internationale pour valoriser son potentiel pétrolier et gazier. Ce choix, désormais validé par les analyses mêmes de l’AIE, permet de répondre à la fois aux impératifs économiques du pays et aux besoins d’un marché mondial encore fortement tributaire des hydrocarbures.
L’Algérie ambitionne ainsi de jouer un rôle de premier plan dans la sécurité énergétique régionale et mondiale, en s’appuyant sur des investissements structurants, une législation adaptée, et une politique énergétique réaliste et maîtrisée.
