Ahmed Bensaada : « L’IATF, une véritable fête de l’économie africaine »
Invité de la Radio Chaîne 3, l’analyste politique et enseignant Ahmed Bensaada a mis en avant l’importance croissante de la Foire du commerce intra-africain (IATF), dont la 4ᵉ édition se tient actuellement à Alger. Selon lui, l’Afrique n’a pas d’autre choix que de renforcer ses échanges internes pour rattraper son retard face aux autres continents.
« Les pays de chaque continent se regroupent et coordonnent leurs actions. Nous l’avons récemment vu en Asie, à Shanghai. En Afrique aussi, nous devons nous rencontrer, nous organiser et stimuler le commerce entre nos pays, car il demeure encore très faible », a-t-il affirmé.
Une croissance continue de l’IATF
Revenant sur l’évolution de l’événement, Bensaada a rappelé que la première édition, organisée au Caire en 2018, comptait environ 1 000 exposants. Aujourd’hui, ils sont près de 2 000. De même, les échanges sont passés de 30 milliards de dollars en 2018 à plus de 43 milliards lors de l’édition 2023. Le nombre de visiteurs devrait, selon les projections, dépasser 35 000 participants, avec la présence de 75 pays africains.
Pour l’analyste, cette progression démontre l’intérêt croissant des entrepreneurs et des décideurs africains. « Nous remarquons la participation de plusieurs présidents et chefs de gouvernement à Alger, ce qui envoie une image forte : celle d’un continent décidé à sortir de sa situation actuelle », a-t-il souligné.
Construire une indépendance économique
Selon Ahmed Bensaada, l’un des objectifs centraux de l’IATF est de mettre en relation les entrepreneurs africains, afin d’échanger des expériences, développer des partenariats et trouver les moyens d’éviter la simple exportation de matières premières. « L’enjeu est de produire davantage de biens finis sur notre continent. Nous avons tout à gagner dans ce défi », a-t-il insisté.
Il a également rappelé que l’Afrique dispose d’un atout majeur : sa jeunesse. « C’est un continent jeune, avec une population dynamique qui ne demande qu’à exprimer ses compétences et ses ambitions. » Les femmes, présentes dans l’entrepreneuriat et l’investissement, constituent également, selon lui, une force qu’il convient de valoriser.
Le rôle de la ZLECAF
Bensaada a aussi évoqué l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), un projet soutenu par le président Abdelmadjid Tebboune. « Ces zones sont essentielles pour faciliter les échanges commerciaux et accroître les volumes de transactions intra-africaines », a-t-il noté.
Vers une souveraineté économique
En conclusion, l’analyste a rappelé que l’Afrique a longtemps été « pillée » par des puissances étrangères, notamment occidentales. « Nos pays ont certes recouvré leur indépendance politique, mais pas totalement économique. Aujourd’hui, en dialoguant et en coopérant entre nous, nous pouvons poser les bases d’une véritable souveraineté économique », a-t-il affirmé, estimant que l’IATF représente une étape décisive dans ce processus
