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Algérie–Brésil : un partenariat Sud-Sud renforcé par l’ouverture de nouveaux marchés

L’Algérie et le Brésil poursuivent leur rapprochement stratégique en posant un nouveau jalon dans leur coopération économique. Le 19 août dernier, les deux pays ont conclu un accord sanitaire autorisant pour la première fois l’importation de moutons vivants brésiliens par l’Algérie, une ouverture de marché saluée comme une « opportunité commerciale majeure » par le ministère brésilien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Cette nouvelle étape vient renforcer une relation bilatérale marquée par des décennies de coopération, une amitié historique, et une volonté partagée de bâtir un axe Sud-Sud solidaire et résilient. Alors que l’Algérie importe depuis plusieurs années de la viande brésilienne, tant congelée que fraîche, elle s’était jusqu’ici tournée vers l’Europe pour les moutons vivants. Ce nouvel accord témoigne donc d’un tournant stratégique dans la diversification des flux commerciaux.

Une diversification économique en marche

Au-delà de l’élevage, la relation économique entre Alger et Brasilia ne cesse de se renforcer. Les engrais algériens connaissent une percée spectaculaire sur le marché brésilien. Entre janvier et avril 2025, le Brésil en a importé pour 54,6 millions de dollars, enregistrant une hausse de 44,2 % par rapport à la même période en 2024. Les engrais représentent désormais le deuxième poste d’importation brésilien depuis l’Algérie, juste après le pétrole.

D’autres filières connaissent également une dynamique positive : les exportations algériennes de sel, soufre et matériaux de construction ont bondi de 175,8 %, illustrant une volonté de diversifier les échanges malgré un recul global des volumes commerciaux au premier trimestre 2025.

Parallèlement, l’Algérie s’impose comme une destination de premier plan pour la viande bovine brésilienne, avec près de 15 900 tonnes importées en janvier-février 2025. Ce chiffre marque une progression spectaculaire : en seulement deux ans, le pays est passé du 40e au 4e rang mondial, devenant également le premier importateur arabe de bœuf brésilien.

Une dynamique politique et diplomatique relancée

Cette accélération des échanges économiques s’inscrit dans une relance plus large des relations bilatérales, impulsée par le retour au pouvoir de Luiz Inácio Lula da Silva. En 2024, le volume des échanges entre l’Algérie et le Brésil a atteint 4,32 milliards de dollars, soit une hausse de 13,68 % en un an. Le Brésil est désormais le sixième partenaire commercial de l’Algérie, tandis qu’Alger est devenu le premier fournisseur africain du marché brésilien.

Cette volonté de coopération s’est également traduite par la tenue du Forum économique algéro-brésilien en mai 2025, qui a ouvert de nouvelles perspectives pour les deux économies en mettant en avant les opportunités dans les secteurs agricoles, industriels, énergétiques et logistiques.

Une vision commune pour un monde multipolaire

Mais la relation entre les deux pays dépasse les considérations économiques. Alger et Brasilia partagent des positions diplomatiques convergentes, notamment en matière de défense du multilatéralisme, de rejet des ingérences étrangères et de revendication d’un ordre économique international plus juste. Dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques croissantes, les deux puissances émergentes entendent peser davantage sur la scène internationale en construisant un partenariat équitable et durable.

« L’Algérie et le Brésil sont deux grands pays du Sud, liés par une amitié profonde », a récemment déclaré l’ambassadeur du Brésil à Alger, Marcos Vinicius Pinta Gama. Cette déclaration traduit l’esprit d’une coopération Sud-Sud ambitieuse, qui ne cesse de gagner en intensité.

Un axe Sud-Sud en pleine affirmation

L’ouverture du marché algérien aux moutons vivants brésiliens, la montée en puissance des engrais et du bœuf dans les échanges bilatéraux, et la tenue d’un forum économique stratégique sont autant de signaux d’une coopération en pleine transformation. Pour l’Algérie comme pour le Brésil, il ne s’agit plus seulement de commercialiser des produits, mais bien de construire un partenariat structurant, à la fois économique et politique, au service d’un monde plus équilibré.

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