Constantine : Décharge publique d’Aïn Smara : Une catastrophe environnementale
Par : Wassila. Z
La décharge publique située dans le quartier du martyr Belkarfa Amar à Aïn Smara, dans la
wilaya de Constantine, est devenue une source majeure de pollution et une menace sérieuse
pour la santé publique. Les incendies à répétition et les fumées épaisses qui s’en dégagent
étouffent quotidiennement les habitants, tandis que les mesures prises par les autorités sont
jugées par la population comme insuffisantes, temporaires et inefficaces face à une
catastrophe qui dure depuis des années.
Bien que les services concernés aient lancé une opération de nettoyage et d’extinction des
feux le week-end dernier, sur instruction du wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda, les
réactions des habitants ont été très critiques. Selon eux, il ne s’agit pas de « comportements
isolés » comme mentionné dans certains communiqués officiels, mais d’un symptôme
profond du manque de contrôle, de la mauvaise gestion et de l’échec des politiques de
traitement des déchets solides dans la région.
« Le retour à l’utilisation de cette décharge était censé être une solution provisoire, mais cela
dure depuis des années, sans prendre en compte l’expansion urbaine à Ali Mendjeli et Aïn
Smara. Il aurait été plus judicieux de réactiver le centre d’enfouissement technique d’Ibn
Badis, qui a coûté des milliards, ainsi que de remettre en service le centre de transfert fermé
depuis longtemps. », selon un citoyen de la région.
Un autre citoyen a vivement dénoncé :
« Comment peut-on parler de comportements isolés alors que la fumée ne fait pas la
différence entre un enfant dans sa maison et un récupérateur de plastique dans la décharge ?
Tout le monde est victime. Où sont les dispositifs de contrôle ? Où sont les alternatives
modernes de recyclage ? Où est la responsabilité vis-à-vis de la santé des citoyens ? »
Le problème dépasse les simples critiques : il affecte directement le quotidien des familles
vivant à proximité. Un habitant de l’unité de voisinage 18 a témoigné :
« L’odeur de la fumée entre jusque dans ma maison la nuit. Je souffre de problèmes de gorge,
ce qui aggrave ma situation. Nous demandons une solution définitive, pas de simples
promesses. »
D’autres résidents dénoncent une approche « bricolée », accusant les autorités de recourir à
des palliatifs faciles sans chercher à résoudre le problème de manière durable.
« Cette décharge n’a pas sa place ici, au cœur du plus grand pôle urbain de l’Est algérien. Elle
doit être définitivement fermée et réaménagée en espace vert. Sa présence est une violation
flagrante du droit à un environnement sain », s’indigne l’un d’eux.
Plusieurs voix soulignent également les dimensions sociales et économiques de la crise. Des
personnes risquent leur vie pour collecter du plastique dans des conditions extrêmement
dangereuses, faute d’alternatives de subsistance, tandis que les autorités continuent à justifier
leur inaction par des arguments peu convaincants, sans proposer de stratégie moderne fondée
sur le tri sélectif, le recyclage et l’application rigoureuse de la loi.
Alors que les opérations d’extinction des feux se poursuivent, les habitants réclament une
réponse claire, structurée et courageuse : la fermeture ou la requalification définitive de la
décharge, la réactivation des projets d’enfouissement et de recyclage, et surtout, la fin d’une
politique de « fuite en avant » qui n’a plus de crédibilité.