À l’Opéra d’Alger, un vibrant hommage à “Alhane Wa Chabab” ravive les souvenirs d’une Algérie musicale en fête
À l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance et de la fête de la jeunesse, un spectacle exceptionnel s’est tenu ce week-end à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih, en présence de plusieurs figures institutionnelles, dont le ministre de la Communication, Mohamed Meziane. Plus qu’un simple concert, cette soirée a constitué un véritable retour aux sources de la chanson algérienne contemporaine, en rendant un hommage appuyé à « Alhane Wa Chabab », l’émission musicale culte de la télévision nationale.
Une soirée riche en émotions et en mémoire collective
Dans une ambiance festive, chaleureuse et nostalgique, des centaines de spectateurs, dont de nombreuses familles venues des quatre coins d’Alger, ont assisté à une véritable célébration de la mémoire musicale nationale. Le public, visiblement ému, a pu retrouver sur scène d’anciens candidats de « Alhane Wa Chabab », révélés dans les années 1970 et 1980, et qui ont depuis marqué de leur empreinte la scène musicale algérienne.
Parmi eux, Hassiba Amrouche, Nadia Benyoucef, Cheb Mami, Nerdjes, ou encore Sabrina Djaâfri sont montés sur scène pour interpréter les chansons qui les ont faits connaître du grand public, parfois réorchestrées pour l’occasion. La nostalgie était palpable, les applaudissements nourris, et les regards souvent embués, tant pour les artistes que pour les spectateurs, certains découvrant avec émotion ces figures emblématiques du patrimoine musical algérien.
Les artistes rendent hommage à une émission fondatrice
Tous ont exprimé, avec beaucoup d’humilité et de reconnaissance, leur gratitude envers l’émission « Alhane Wa Chabab », qui fut pour eux une véritable rampe de lancement. « Sans cette émission, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a confié Nadia Benyoucef, tandis que Hassiba Amrouche a salué « la persévérance des encadreurs et des réalisateurs de l’époque, qui ont cru en nous et nous ont aidés à nous construire artistiquement ».
Pour Cheb Mami, aujourd’hui star internationale du raï, cette soirée représentait « un retour aux origines » : « J’ai commencé sur ce plateau, comme tant d’autres. C’est ici que j’ai compris que je pouvais vivre de ma voix. »
Une nouvelle génération en lumière
Mais la soirée n’était pas tournée exclusivement vers le passé. La relève était également au rendez-vous. Des jeunes artistes révélés par les saisons récentes du programme relancé dans les années 2010 sont venus partager la scène avec leurs aînés. Parmi eux, Djamila Mansouri, Numidia Lezoul, Kenza Morsli, Nabila Dali et Fouad Ouamane ont repris, avec émotion et ferveur, certaines des chansons emblématiques de l’émission, mais également quelques-uns de leurs propres titres.
Leur présence a illustré la transmission intergénérationnelle que « Alhane Wa Chabab » continue de favoriser, en incarnant un espace de formation artistique, d’expression libre et d’éveil culturel. Le public a réservé à ces jeunes talents un accueil particulièrement chaleureux, saluant leur engagement et leur respect du patrimoine musical algérien.
Un renouveau annoncé : « Alhane Wa Chabab » relancé le 29 août
Le spectacle s’est conclu sur une note patriotique forte, avec l’interprétation par Cheb Mami de la célèbre chanson « Bladi Hiya Djazaïr », véritable hymne à l’amour de la patrie. Ce moment a fait vibrer l’Opéra d’une émotion collective profonde, ponctuée de chants spontanés dans la salle et de drapeaux algériens brandis par les plus jeunes.
Dans la foulée, les organisateurs ont annoncé la relance officielle du programme, interrompu depuis plusieurs années. La nouvelle saison de « Alhane Wa Chabab » sera diffusée à partir du 29 août prochain, une fois les castings terminés. Vingt candidats intégreront une nouvelle promotion de l’école « Alhane Wa Chabab », où ils recevront une formation artistique encadrée par des professionnels du spectacle, de la voix et de la mise en scène.
Une cérémonie prestigieuse, des invités de marque
Outre le ministre de la Communication, la soirée a également été marquée par la présence de Mohamed Baghali, directeur général de l’Établissement public de télévision (EPTV), Abdelkader Bouazara, directeur de l’Opéra d’Alger, et Fouzia Boussebak, représentante de la Direction générale de la communication à la Présidence de la République.
Leur participation a souligné l’importance symbolique de cet événement, dans une Algérie qui cherche à valoriser son patrimoine culturel tout en misant sur sa jeunesse pour le renouveler. Plusieurs prises de parole officielles ont insisté sur le rôle de la télévision publique dans la démocratisation de la culture et l’accompagnement des jeunes artistes.
Une passerelle entre générations, un miroir d’identité
Loin d’un simple moment festif, cette soirée fut un pont entre les générations, un hommage aux pionniers de la chanson algérienne moderne et une promesse faite à la jeunesse. Elle a aussi rappelé combien la musique et l’art sont au cœur de l’identité algérienne, capables d’unir les cœurs, de réveiller les souvenirs, et de construire des espoirs.
Dans une salle comble, entre les notes familières des classiques des années 70 et l’énergie des voix montantes, l’Algérie a célébré à la fois sa mémoire et son avenir.