Clôture du Festival national du jeune humoriste à Souk Ahras : « Le monde des souris » sacré meilleur spectacle intégré
Le rideau est tombé vendredi soir sur la 6e édition du Festival national du jeune humoriste à Souk Ahras, dans une ambiance festive et empreinte d’émotion. Pendant quatre jours, la maison de la culture Tahar-Ouettar a vibré au rythme des rires, des applaudissements et des réflexions suscitées par une série de représentations riches en créativité, portées par 30 jeunes artistes venus de différentes wilayas du pays.
Point d’orgue de cette manifestation culturelle, la remise des prix a consacré le spectacle « Le monde des souris », produit par l’auberge de jeunes de Tipaza, comme meilleur spectacle intégré de cette édition. Interprété par Mahfoud Kherfi, la pièce s’est distinguée par sa finesse d’écriture, sa mise en scène épurée et son message profond.
Une fable sociopolitique à travers deux souris
« Le monde des souris » met en scène un couple de souris anthropomorphes confronté à un monde déshumanisé, hostile et profondément injuste. À travers ce récit métaphorique, la pièce explore les rapports de domination, l’exclusion, la peur de l’autre et l’aspiration à la liberté. Loin d’être un simple divertissement, le spectacle a su toucher le public par sa justesse et son ton engagé, mêlant humour noir et émotion sincère.
La performance de Mahfoud Kherfi, seul en scène pendant une grande partie de la pièce, a été unanimement saluée. Avec un jeu d’acteur nuancé, il est parvenu à faire ressentir au public toute la détresse, la tendresse et la résilience de ces personnages symboliques. Sa prestation a suscité une standing ovation lors de la représentation finale.
Un podium riche en diversité de styles
Le deuxième prix a été attribué à la comédie « Ils sont trois à le servir » du jeune Sofiane Amed Messaoud, originaire d’Oran. Ce spectacle, à l’humour satirique et mordant, dresse le portrait caricatural mais criant de vérité de l’administration algérienne, à travers trois fonctionnaires grotesques et inefficaces. La pièce a séduit par son rythme dynamique, ses dialogues percutants et sa critique sociale pleine d’ironie.
Le troisième prix est revenu à « Vida loca », signé Hamza Kaoua d’Alger. Plus personnel et introspectif, ce spectacle évoque la vie chaotique et les contradictions des jeunes en quête de repères dans une société en mutation. Mélangeant humour, slam et théâtre physique, la performance de Kaoua a été remarquée pour son originalité de ton et sa sincérité artistique.
Une animatrice à l’honneur et une jeunesse à l’avant-scène
La cérémonie de clôture, présidée par H’mida Mahroug, directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya, a également été l’occasion de mettre à l’honneur Inès Aït Oubelli, animatrice du festival. Lauréate du « Microphone d’Or » lors du Festival national de l’animateur créatif à Blida en 2024, elle a été chaleureusement applaudie pour son professionnalisme, son énergie communicative et sa capacité à créer un lien fort entre les artistes et le public.
Sous le slogan « Une génération responsable et créative pour construire une Algérie victorieuse », ce festival a offert une tribune précieuse à la jeunesse algérienne, lui permettant d’exprimer ses préoccupations, ses espoirs et ses critiques à travers l’outil universel de l’humour. Les thématiques abordées, qu’elles soient politiques, sociales ou culturelles, ont révélé la lucidité, l’engagement et l’audace d’une nouvelle génération d’artistes.
Un carrefour de talents et d’expression citoyenne
Durant ces quatre jours, la maison de la culture de Souk Ahras s’est transformée en véritable laboratoire d’idées et de créativité, où se sont succédé des spectacles courts, des monologues, des pièces à plusieurs personnages, et même des performances hybrides mêlant musique, théâtre et comédie. Les participants, qu’ils soient débutants ou déjà reconnus localement, ont su captiver un public large, composé aussi bien de jeunes spectateurs que de familles et de professionnels du secteur culturel.
Le festival a également offert des ateliers de formation, des espaces de discussion entre artistes et spectateurs, et des rencontres autour des métiers du spectacle vivant, contribuant ainsi à l’émergence de vocations et au renforcement du tissu culturel national.
Un rendez-vous désormais incontournable
Avec cette 6e édition, le Festival national du jeune humoriste confirme son importance croissante dans le paysage culturel algérien. En valorisant les jeunes talents, en encourageant une parole libre et créative, et en favorisant l’échange entre les régions du pays, il s’impose comme un espace de dialogue, de tolérance et d’innovation artistique.
Pour les organisateurs comme pour les artistes, l’enjeu désormais est de poursuivre cet élan, de soutenir les lauréats dans la diffusion de leurs spectacles, et d’ouvrir davantage le festival à l’international, en particulier à la diaspora algérienne, très active dans le domaine de l’humour et du théâtre.