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Économie algérienne : le FMI alerte sur les vulnérabilités budgétaires et appelle à des réformes urgentes

À l’issue d’une mission de deux semaines en Algérie dans le cadre des consultations de 2025 prévues par l’article IV, le Fonds monétaire international (FMI) a présenté, ce lundi à Alger, un état des lieux complet de l’économie nationale. Dirigée par Charalambos Tsangarides, la délégation du FMI a mis en lumière des déséquilibres préoccupants, en dépit de perspectives économiques globalement positives à court terme.

« Les perspectives restent favorables malgré un contexte mondial incertain », a affirmé le chef de mission, tout en avertissant que « les vulnérabilités budgétaires sont importantes ». Le FMI appelle ainsi à un ajustement budgétaire progressif, mais urgent, pour renforcer la résilience financière de l’État et reconstituer des marges budgétaires indispensables.

Le déficit budgétaire, estimé à 13,9 % du PIB en 2024, est jugé préoccupant. Il résulte principalement de la baisse des recettes des hydrocarbures, conjuguée à une hausse des dépenses publiques, notamment salariales et d’investissement. Ce déficit devrait rester élevé en 2025, accentuant les tensions de financement.

Le ralentissement de l’activité économique est également souligné. La croissance est passée de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024, impactée par la réduction de la production imposée par l’OPEP+. Toutefois, le secteur hors hydrocarbures reste dynamique, avec une croissance de 4,2 %. Parallèlement, le solde courant est redevenu déficitaire sous l’effet d’une diminution de la production et des prix du gaz. Les réserves de change, quant à elles, restent confortables à 67,8 milliards de dollars, représentant environ 14 mois d’importations.

Autre signal d’alerte : l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR). Ce dernier, longtemps utilisé pour financer les déficits, ne constitue plus une ressource disponible, ce qui accentue la pression sur le budget de l’État, selon les précisions apportées par le FMI.

Dans ses recommandations, l’institution financière insiste sur l’importance de réformes structurelles. Elle préconise un rééquilibrage budgétaire graduel, mais immédiat, pour limiter l’aggravation de la dette publique et restaurer la stabilité macroéconomique. Ce rééquilibrage devrait s’accompagner de mesures destinées à accroître les recettes hors hydrocarbures, notamment par l’élargissement de l’assiette fiscale, la rationalisation des dépenses fiscales, et la numérisation de l’économie.

Par ailleurs, le FMI souligne la nécessité de réformer le système de subventions pour dégager un espace budgétaire destiné à des dépenses prioritaires, en particulier pour soutenir les ménages vulnérables. La gouvernance et l’efficience des entreprises publiques doivent également être améliorées afin de réduire les risques pesant sur le système financier.

Enfin, l’institution recommande de maintenir une politique monétaire axée sur la stabilité des prix et d’adopter une plus grande flexibilité du taux de change. Cette orientation permettrait à l’économie algérienne de mieux absorber les chocs extérieurs, notamment dans un contexte de forte volatilité des cours des hydrocarbures.

Le FMI conclut en estimant que les perspectives économiques de l’Algérie à moyen terme pourraient nettement s’améliorer si les autorités poursuivent les réformes engagées, notamment celles visant à diversifier l’économie et à stimuler l’investissement privé.

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