El Bayadh : la Ouaâda de Sidi Cheikh célèbre l’héritage spirituel, historique et patriotique
Les festivités de la traditionnelle Ouaâda de Sidi Cheikh, également connue sous le nom de Rekb Sidi Cheikh, ont été officiellement lancées mercredi dans la wilaya déléguée d’El Abiodh Sidi Cheikh (El Bayadh), au sein de la zaouïa centrale de la tariqa Cheikhia Chadhlia Bekria. L’événement a rassemblé une foule nombreuse, parmi laquelle des disciples soufis, des notables, des universitaires et des citoyens venus de plusieurs wilayas.
Placée cette année sous le slogan « Le pôle mystique, le martyr héritier : unificateur des rangs, rassembleur de la parole, et vainqueur des ennemis », cette manifestation spirituelle et culturelle rend hommage à Sidi Abdelkader Ben Mohamed, dit Sidi Cheikh, fondateur de la tariqa et figure majeure de la résistance contre l’occupation espagnole au XVIe siècle.
Supervisé par le wali délégué Mouaden Abdrabi et le cheikh El Hadj Larbi Al Sidi Cheikh, l’événement s’inscrit dans une dynamique de transmission des valeurs spirituelles et nationales. Dans son allocution, le cheikh a rappelé que Sidi Cheikh n’était pas seulement un guide religieux, mais aussi un résistant, un éducateur et un martyr de la liberté : « Il a incarné la pureté, la fidélité et la constance dans les principes, tombant en martyr pour la vérité et la défense de la patrie ».
Une dimension académique et éducative
À l’occasion du 408e anniversaire de la disparition de Sidi Cheikh, une journée d’étude a été organisée en partenariat avec le Centre universitaire Nour El Bachir d’El Bayadh, sous le thème « Rekb Sidi Cheikh, une main tendue vers la mémoire de la nation ». Les communications ont exploré notamment le rôle de Sidi Cheikh dans le djihad et l’éducation spirituelle, l’engagement de ses descendants dans la résistance contre le colonialisme français, ainsi que l’importance des zaouïas dans la protection de l’identité nationale.
Le chercheur Noureddine Touimi, intervenant lors de cette rencontre, a souligné : « Cette manifestation permet de raffermir les liens entre les générations et de raviver l’attachement à l’authenticité et à l’histoire du pays ».
Patrimoine immatériel de l’humanité
Inscrite depuis 2013 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, la Ouaâda comprend également des activités religieuses et culturelles variées : récitations collectives du Coran, séances de dhikr (évocations spirituelles), lectures du célèbre poème mystique Al-Yaqouta rédigé par Sidi Cheikh — récemment traduit en anglais et en espagnol — ainsi que des expositions de manuscrits, photos et documents historiques liés à la résistance et à la révolution algérienne.
Traditions équestres et hospitalité
L’un des moments les plus attendus reste la fantasia, appelée localement Al-A’lfa, avec des démonstrations équestres spectaculaires sur la place El Farâa attenante à la zaouïa, rassemblant des cavaliers venus de plusieurs régions. Des repas traditionnels sont également distribués aux visiteurs, perpétuant ainsi l’esprit d’hospitalité et de partage qui caractérise cette manifestation.
La Ouaâda de Sidi Cheikh, à la fois célébration spirituelle, ancrage historique et outil de cohésion sociale, se poursuit pendant trois jours, renforçant chaque année davantage le rôle des zaouïas dans la transmission des valeurs religieuses, culturelles et nationales en Algérie.