Dominique de Villepin dénonce les discours hostiles envers l’Algérie
Youcef .H
L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a exprimé son profond rejet de la persistance du discours hostile envers l’Algérie tenu par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, un discours également repris par certains responsables politiques français. Il a déclaré que ce type de discours n’a rien à voir avec une politique réelle et sérieuse.
Dans des déclarations faites lundi sur la chaîne de l’Assemblée nationale française, De Villepin a souligné que l’attachement de cette frange de la classe politique française à une approche fondée sur la « logique de communication propagandiste » à l’égard de certains pays d’Afrique du Nord n’a nullement contribué à l’exécution des décisions d’expulsion du territoire français. Il en veut pour preuve le cas de l’Italie, qui entretient pourtant d’excellentes relations avec l’Algérie et les autres pays nord-africains, et dont le taux d’exécution des expulsions est bien supérieur.
N’hésitant pas à dénoncer la politique de Bruno Retailleau, De Villepin a estimé que l’obstination à suivre une logique de « bras de fer » et à recourir à des effets d’annonce dans les médias relève davantage de la communication que d’une politique digne de ce nom. Il a qualifié cette approche de « très dangereuse », surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir des relations entre deux pays comme la France et l’Algérie.
L’ancien responsable français n’a pas exclu que les partisans de l’extrême droite, au premier rang desquels Bruno Retailleau, utilisent ce discours dans un objectif électoral, notamment dans la perspective de l’élection présidentielle de 2027, d’autant plus que Retailleau vient d’être élu à la tête du parti Les Républicains. Il a ainsi lancé un appel à un retour à une pratique politique ancrée dans la réalité, fondée sur le respect des principes fondamentaux, et a dénoncé l’instrumentalisation de sujets sensibles tels que la crise avec l’Algérie ou la question migratoire dans le but de séduire l’électorat d’extrême droite.
De Villepin, dont le nom circule avec insistance parmi les potentiels candidats à la présidentielle de 2027, a conclu son intervention sur un ton ferme :
« Nous vivons dans un véritable chaos. Chaque politicien rivalise pour lancer la déclaration la plus absurde afin de capter l’attention. Je pense qu’il est temps que la politique revienne à la réalité. La politique n’est pas l’art de dire n’importe quoi. »
Il a plaidé pour un langage basé sur le dialogue et le pragmatisme, plutôt que sur la confrontation et l’escalade, estimant que cette dernière n’est bénéfique pour aucune des parties, qui sont pourtant appelées à vivre ensemble dans un esprit de coexistence.
Dominique de Villepin incarne l’autre visage de la classe politique française. Il appartient à ce courant qui s’oppose à la montée de l’extrême droite et qui met en garde contre les dangers de la propagation de son idéologie. Il reste l’un des hommes d’État français les plus respectés, connu pour son discours mesuré, sa diplomatie rationnelle en matière de politique étrangère, et son refus des politiques unilatérales, notamment celles des États-Unis. Il a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004, puis celui de Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac de 2005 à 2007.