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Pékin tend la main à l’Amérique latine : Xi Jinping prône l’unité face aux tensions commerciales mondiales

À l’occasion de l’ouverture d’une réunion ministérielle de haut niveau entre la Chine et les pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), le président chinois Xi Jinping a livré un discours fort et stratégique, appelant à une coopération renforcée entre la Chine et les nations latino-américaines. Dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes, notamment avec les États-Unis, cette rencontre marque un tournant dans les ambitions chinoises sur le continent sud-américain.

Un partenariat historique et stratégique

Prenant la parole devant plusieurs chefs d’État et de diplomatie des 33 pays membres de la Celac, Xi Jinping a souligné l’ancienneté et la profondeur des liens sino-latino-américains. « Bien que la Chine et l’Amérique latine et les Caraïbes soient très éloignées, les deux parties ont une longue histoire d’échanges amicaux », a-t-il rappelé, insistant sur les valeurs de respect mutuel, de non-ingérence et de coopération équitable.

Pékin cherche à ancrer davantage sa présence en Amérique latine, région stratégique à la fois sur le plan économique et diplomatique. Pour concrétiser cette volonté, le président chinois a annoncé l’octroi d’un crédit de 66 milliards de yuans (soit environ 8,3 milliards d’euros), destiné à soutenir des projets de développement dans les pays de la région. Ce financement s’inscrit dans une stratégie d’influence à long terme, dans laquelle la Chine se positionne en alternative aux institutions financières occidentales jugées plus contraignantes.

Un plaidoyer contre l’unilatéralisme et l’hégémonisme

Le discours de Xi Jinping n’a pas seulement été économique : il a aussi eu une dimension politique affirmée. En référence à la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, le dirigeant chinois a lancé une mise en garde claire : « Personne ne peut gagner une guerre des droits de douane ou une guerre commerciale. Le harcèlement et l’hégémonisme ne mènent qu’à l’isolement. »

Ses propos faisaient écho à l’accord de trêve conclu récemment avec Washington pour réduire temporairement les surtaxes douanières imposées mutuellement. Xi Jinping a toutefois profité de cette tribune pour critiquer implicitement les politiques américaines, soulignant que seule l’unité permettrait de préserver la paix mondiale et de promouvoir un développement équitable.

La Chine s’impose comme acteur majeur en Amérique latine

La montée en puissance de la Chine en Amérique latine est un fait désormais difficile à ignorer. Sur le plan commercial, elle a déjà supplanté les États-Unis comme principal partenaire de nombreux pays de la région, notamment le Brésil, le Chili et le Pérou. Mais Pékin entend aller au-delà du commerce pour construire un véritable partenariat stratégique.

Au cœur de cette ambition : l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » (« La Ceinture et la Route »), vaste projet lancé en 2013 visant à construire des infrastructures logistiques et énergétiques dans plus d’une centaine de pays. En Amérique latine, les deux tiers des nations ont déjà rejoint cette initiative. Et la Colombie semble prête à suivre : son président Gustavo Petro a annoncé son intention d’adhérer prochainement, voyant dans ce projet une opportunité de développement et d’équilibre diplomatique.

Un rejet croissant de la domination américaine ?

Gustavo Petro, dans un discours très remarqué, a critiqué sans détour les positions américaines, qu’il s’agisse de leur politique migratoire, économique ou climatique. Il a appelé à une diplomatie multipolaire fondée sur le respect et la coopération : « Ce dialogue pourrait être exempt d’autoritarisme et d’impérialisme, un échange d’égal à égal entre civilisations. »

Ce ton reflète un glissement progressif mais significatif d’une partie de l’Amérique latine, historiquement sous forte influence des États-Unis, vers une relation plus équilibrée entre plusieurs pôles mondiaux, dans laquelle la Chine joue un rôle moteur.

Conclusion : une diplomatie chinoise en pleine expansion

La rencontre entre la Chine et les pays de la Celac à Pékin n’est pas simplement une réunion de coopération : elle illustre une dynamique géopolitique de fond. Pékin confirme son ambition de devenir un partenaire incontournable pour les pays en développement, en se présentant comme une alternative stable, crédible et respectueuse des souverainetés nationales.

Dans un monde de plus en plus fragmenté, cette stratégie pourrait bien séduire des États en quête d’autonomie, lassés des rapports asymétriques imposés par les puissances occidentales. Reste à voir si cette coopération renforcée débouchera sur des avancées concrètes ou si elle restera un contre-discours symbolique dans la grande compétition des puissances.

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