Le mégaprojet du phosphate intégré de Tébessa relancé avec un soutien allemand
Une nouvelle dynamique est enclenchée pour le projet intégré du phosphate de Tébessa (PPI), considéré comme l’un des chantiers industriels les plus ambitieux d’Algérie. À l’occasion de la célébration du 59ᵉ anniversaire de la nationalisation des mines et du 58ᵉ anniversaire de la création de Sonarem, le PDG du groupe minier, Belkacem Soltani, a annoncé un appui international décisif.
En marge de la cérémonie organisée au siège du ministère de l’Énergie et des Mines, en présence du ministre Mohamed Arkab et de plusieurs membres du gouvernement, M. Soltani a révélé que le projet entrait dans une phase cruciale : une étude « Feed compétitive » en mode EPC (Engineering, Procurement, Construction), menée avec l’appui technique d’un partenaire allemand, dont l’identité n’a pas été précisée.
Cette étude, qui devrait s’achever fin 2026, servira de base à la mise en place de trois grandes usines de production d’engrais phosphatés et azotés à Tébessa et Souk Ahras. Une fois opérationnelles, ces infrastructures permettront à l’Algérie de se hisser parmi les grands exportateurs mondiaux de fertilisants.
Parallèlement, le PDG de Sonarem a évoqué l’important projet de développement de la mine de Bled El Hadba, dont les réserves sont estimées à 1,2 milliard de tonnes, avec un potentiel d’exploitation de 80 ans. Un investissement de 1,5 milliard de dollars est prévu pour construire une usine de traitement afin de réduire la teneur en monoxyde de magnésium (MgO) du phosphate extrait. L’exploitation de cette mine débutera en 2026 pour alimenter l’usine de Ouad Keberit, située dans la wilaya de Souk Ahras.
Le projet, aujourd’hui entre les mains des groupes publics Sonarem et Sonatrach, marque un tournant stratégique après l’abandon du partenariat initial avec le consortium chinois. La société algéro-chinoise ACFC (Algerian Chinese Fertilizers Company), constituée en 2022, devait réaliser ce projet d’un coût initial de 7 milliards de dollars. Mais le retrait de la partie chinoise, pour des raisons liées à leur capacité financière et technique jugée insuffisante, a conduit les autorités algériennes à confier le pilotage du projet aux acteurs nationaux.
Belkacem Soltani a rappelé que ce redéploiement s’effectue avec des compétences exclusivement algériennes, en collaboration avec les universités du pays. Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, avait déjà affirmé en novembre que l’exploitation du gisement se fera par une main-d’œuvre 100 % nationale.
Le PPI de Tébessa représente un investissement global de 6 milliards de dollars et ambitionne une production annuelle de 10 millions de tonnes de phosphate brut et 6 millions de tonnes d’engrais, principalement destinés à l’exportation. Ce projet s’inscrit dans la stratégie de diversification économique de l’Algérie, en réduisant sa dépendance aux hydrocarbures, tout en créant des milliers d’emplois directs et indirects.
Avec une entrée en production prévue pour 2027, l’Algérie pourrait ainsi s’imposer comme un acteur clé sur le marché mondial du phosphate, tout en renforçant sa souveraineté économique et sa contribution à la sécurité alimentaire mondiale.
