L’Inde et le Pakistan renouent avec la violence armée après un attentat au Cachemire
Après plusieurs jours de vives tensions alimentées par un attentat meurtrier dans la région du Cachemire indien, l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires historiques rivales, ont échangé des tirs dans la nuit de mardi à mercredi. Il s’agit de l’escalade la plus grave entre les deux pays depuis plus de vingt ans, sur fond de contentieux territorial et d’accusations mutuelles.
Origine de la crise
Tout a commencé le 22 avril, lorsqu’un groupe d’hommes armés a ouvert le feu sur des civils à Pahalgam, dans le Cachemire indien, tuant 26 personnes. Ce drame est considéré comme l’attentat le plus meurtrier visant des civils dans cette région disputée depuis plus de deux décennies. New Delhi accuse Islamabad d’être lié à cette attaque, bien que le Pakistan ait fermement nié toute implication. Depuis leur partition en 1947, les deux pays se disputent farouchement le Cachemire, territoire à majorité musulmane divisé mais revendiqué dans sa totalité par chacun d’eux.
Déclenchement des hostilités
En représailles à l’attentat, l’Inde a lancé dans la nuit de mardi à mercredi une série de frappes de missiles visant, selon ses autorités, des installations liées au terrorisme situées en territoire pakistanais. Neuf sites auraient été touchés, dont la mosquée Subhan à Bahawalpur, soupçonnée d’être un lieu d’activité du groupe djihadiste Lashkar-e-Taiba, accusé également des attaques de Bombay en 2008. Les villes de Kotli et Muzaffarabad, proches de la ligne de contrôle séparant les deux Cachemires, figurent également parmi les cibles.
À Muzaffarabad, la mosquée Bilal aurait été frappée par sept projectiles. Plusieurs habitations situées à proximité ont été endommagées, entraînant l’évacuation des résidents. En réponse, le Pakistan a mené des tirs d’artillerie ciblant plusieurs positions en territoire indien, notamment autour du village de Poonch. Des explosions ont également été signalées à proximité de Srinagar, la plus grande ville du Cachemire indien.
Bilan humain provisoire
Les frappes indiennes ont fait au moins 26 morts civils au Pakistan, selon l’armée pakistanaise, dont trois très jeunes enfants. Quarante-six personnes auraient également été blessées. En retour, les tirs pakistanais ont causé la mort de huit civils et fait 29 blessés du côté indien, principalement à Poonch.
Réactions diplomatiques
Face à cette brusque montée de tension, les réactions internationales n’ont pas tardé. Aux premières heures de mercredi, environ 200 manifestants pakistanais ont défilé à Hyderabad pour dénoncer les frappes indiennes, brûlant des drapeaux et des portraits du Premier ministre Narendra Modi.
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est entretenu avec les chefs de la diplomatie des deux pays, les exhortant à éviter toute nouvelle escalade et à reprendre le dialogue. Le président américain Donald Trump a exprimé l’espoir que les violences cessent rapidement. L’ONU a rappelé qu’« une confrontation militaire est impensable », tandis que la Chine a appelé les deux parties à la retenue.
De son côté, le gouvernement indien affirme qu’aucune installation militaire pakistanaise n’a été visée, mettant en avant sa volonté de limiter l’escalade et de cibler uniquement des éléments terroristes présumés. Islamabad, en revanche, accuse New Delhi de mener une action dangereuse qui rapproche les deux pays d’un affrontement direct. Le ministre iranien des Affaires étrangères, en visite à New Delhi ce mercredi après un passage par Islamabad, pourrait tenter de jouer un rôle de médiateur dans cette crise.
