Rencontre autour du documentaire « Histoire du film La bataille d’Alger » : Une plongée dans les coulisses d’une œuvre emblématique
Par : Amani H.
Dans le cadre de ses activités pour le Ramadhan, l’association « Lumière » a organisé, mardi dernier, une rencontre captivante avec le réalisateur, critique et journaliste Salim Aggar, qui a présenté son documentaire intitulé « Histoire du film La bataille d’Alger ». Cette rencontre a permis aux participants de découvrir les secrets de la réalisation du célèbre film « La bataille d’Alger », un chef-d’œuvre du cinéma réalisé par l’Italien Gillo Pontecorvo en 1966, qui a remporté le prestigieux « Lion d’or » à la Mostra de Venise de la même année.
Un film qui a marqué la mémoire cinématographique algérienne
Produit en 2018 par la Télévision algérienne, le documentaire d’Aggar revient sur le tournage du film emblématique et sur les coulisses de cette production qui a marqué l’imaginaire du public algérien. En faisant appel à des témoins directs de la production – comédiens, figurants et techniciens – Aggar a pu mettre en lumière ces « héros d’un jour » qui ont contribué à l’authenticité de l’œuvre. En outre, il a su évoquer le contexte sociopolitique et culturel de l’époque de la guerre d’indépendance, période durant laquelle le film a été tourné.
Des témoignages inédits du tournage
Après la projection d’un film de 70 minutes, Salim Aggar a révélé des détails inédits du tournage, notamment le fait que 80% des acteurs ayant participé au film n’étaient pas des professionnels et n’avaient jamais joué dans d’autres productions. « Il a été très difficile de retrouver ces personnes », a expliqué Aggar, soulignant l’importance des témoignages de figures comme Nouredine Brahimi, directeur de production, ainsi que de plusieurs comédiens ayant joué des rôles marquants dans le film, tels que Amar Marouf, Faiza Menaceri (Hassiba Ben Bouali), Rabah Aziz, et Fatiha Djoudi, pour ne citer qu’eux.
Aggar a également précisé que seulement trois comédiens – Rouiched, Zekkal et Bencherifa – étaient des professionnels. Ces acteurs avaient été recrutés par Mohamed Zinet, assistant de Pontecorvo et responsable du casting. Les autres ont été choisis dans la rue, ce qui a renforcé l’aspect réaliste et authentique du film.
Le génie de Gillo Pontecorvo
Aggar a salué le génie de Gillo Pontecorvo, soulignant que le réalisateur italien a réussi à donner au film toute sa dimension humaine grâce à ses choix de comédiens et à sa manière unique de les diriger. En effet, des acteurs comme Brahim Hadjadj (Ali la Pointe), qui était ouvrier agricole à l’époque, ou Mohamed Baghdadi, proviseur du lycée El Mokrani, n’avaient aucune expérience cinématographique avant leur participation au film. Pontecorvo, un communiste avéré, avait une préférence pour travailler avec des acteurs non professionnels, loin des stars du cinéma. Selon Aggar, si un autre réalisateur avait pris en charge le film, le casting aurait probablement été totalement différent, peut-être en faisant appel à des acteurs étrangers.
Une œuvre marquante du cinéma algérien et arabe
Salim Aggar est un documentariste expérimenté, avec plusieurs œuvres à son actif. Il a réalisé « Ça tourne à Alger » en 2007, un film qui se penche sur les cinéastes algériens durant la période du terrorisme. En 2010, il a produit « Paroles d’un prisonnier français de l’ALN », un documentaire poignant sur l’histoire de la guerre d’indépendance. En 2017, il a également consacré un documentaire à l’un des plus grands réalisateurs arabes, Youcef Chahine, intitulé « Chahine, l’Algérie et le cinéma », qui explore ses liens avec l’Algérie.
Une initiative culturelle enrichissante
Ferhat Itoumaien, le modérateur de la rencontre, a souligné que cet événement était la deuxième rencontre organisée par l’association « Lumière », après celle consacrée au film « Dimanche noir » d’Abdelhamid Teitache, qui retrace le massacre du 29 septembre 1956 à Biskra. D’autres événements sont également prévus, notamment une rencontre autour du film « Chacun sa vie » d’Ali Ghanem, dont le thème principal est l’émigration, un sujet d’actualité et de grande importance.
Cette rencontre a offert un éclairage précieux sur un film fondamental du cinéma mondial et a permis de mieux comprendre l’impact de « La bataille d’Alger » sur le public algérien et international. Elle a aussi souligné l’importance de préserver et de transmettre les récits et les mémoires liées à la guerre d’indépendance et à l’histoire de l’Algérie à travers le prisme du cinéma.