Les clusters : un levier stratégique pour le développement économique de l’Algérie, selon Younes Bahri
Par : Amani H.
L’Algérie se trouve à un moment crucial de son développement économique, avec des priorités clairement définies : diversification de l’économie, attractivité des investissements, modernisation industrielle et augmentation des exportations hors hydrocarbures. Dans cette dynamique, la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) marque la volonté du pays de renforcer sa position sur la scène mondiale. Les clusters, ou écosystèmes industriels, émergent comme un levier stratégique pour intégrer les chaînes de valeur mondiales et optimiser les réseaux d’approvisionnement.
Younes Bahri, spécialiste en management des organisations et gestion opérationnelle des entreprises, souligne les progrès significatifs réalisés par l’Algérie, notamment l’augmentation de ses exportations hors hydrocarbures, passant de 1,7 milliard de dollars en 2020 à 7 milliards en 2024. Toutefois, les hydrocarbures représentent encore plus de 90 % des exportations totales du pays, un déséquilibre qu’il est urgent de corriger.
Malgré des initiatives gouvernementales telles que la loi sur les investissements de 2022 et la création de l’Agence algérienne de la promotion des investissements (AAPI), plusieurs obstacles persistent. Parmi ceux-ci, Bahri cite une dépendance excessive aux investissements publics, une faible intégration des PME dans les chaînes de valeur mondiales, ainsi que des zones industrielles fragmentées et un manque d’investissement dans la recherche et le développement.
Pour répondre à ces défis, Younes Bahri prône la création de clusters, des écosystèmes structurés qui réunissent grandes entreprises, PME, centres de recherche et institutions publiques. Ces clusters sont destinés à stimuler l’innovation, accroître la productivité et renforcer la compétitivité du pays. Des exemples internationaux, tels que ceux en Italie, Espagne, Pologne et Corée du Sud, montrent que les clusters peuvent attirer des investissements directs étrangers (IDE) et augmenter la productivité industrielle de 20 à 30 %.
Les clusters, selon Bahri, sont également un moyen efficace de renforcer l’industrialisation orientée vers l’exportation en intégrant davantage les PME dans les chaînes de valeur mondiales, de créer des emplois à forte valeur ajoutée et d’encourager l’innovation par une meilleure collaboration entre l’industrie et la recherche. Des initiatives nationales comme le Cluster Industriel Électrique d’Algérie (CIEL) ou les appels à la formation de clusters dans le secteur pharmaceutique témoignent déjà d’une prise de conscience croissante de l’importance de ces structures.
Toutefois, Bahri insiste sur la nécessité d’un cadre institutionnel et réglementaire solide pour assurer le succès de ces clusters. Il recommande une approche stratégique qui inclut l’alignement sectoriel des clusters avec les filières prioritaires du pays, une structuration réglementaire qui distingue les clusters performants des simples associations commerciales, ainsi que l’utilisation des zones économiques spéciales (ZES) comme points d’ancrage pour ces clusters. Il propose également que la révision de l’accord commercial avec l’UE soit utilisée comme une opportunité pour structurer les incitations sectorielles à l’IDE, alignant ainsi les clusters algériens avec les chaînes d’approvisionnement internationales.
En conclusion, Younes Bahri souligne que les clusters, intégrés dans des zones économiques spécialisées, sont des leviers majeurs pour renforcer la compétitivité de l’Algérie, attirer des investissements étrangers et positionner le pays comme un acteur clé dans les chaînes de valeur mondiales. La mise en place d’un cadre réglementaire clair et des conditions préférentielles adaptées à ces structures est essentielle pour libérer tout leur potentiel et accélérer la transformation économique du pays.
