Les réformes financières en Algérie pour diversifier les sources de financement et stimuler la croissance économique
Par : Amani H.
Dans un contexte où la diversification des sources de financement et la mobilisation de nouvelles ressources financières deviennent des enjeux stratégiques, l’Algérie place ces objectifs au cœur de sa stratégie de réformes économiques. Depuis l’année dernière, les pouvoirs publics ont mis en place une série de réformes destinées à élargir l’assiette fiscale, dynamiser le marché financier et accélérer la bancarisation des fonds hors banques. Ces mesures visent à renforcer le financement de l’économie nationale tout en réduisant la dépendance vis-à-vis du budget de l’État, en particulier pour soutenir l’investissement.
Une nouvelle stratégie budgétaire pour 2025
Cette approche repose sur plusieurs axes de réformes, parmi lesquels figurent l’élargissement de la base fiscale, la modernisation des services fiscaux, douaniers et domaniaux, et la lutte contre la fraude fiscale. Ces efforts visent à stimuler les recettes de l’État, sans alourdir la pression fiscale sur les ménages ou les entreprises. En ce sens, la loi de finances 2025 introduit une trajectoire budgétaire qui prévoit une augmentation moyenne de 3,1% des recettes budgétaires globales pour les trois prochaines années, avec une forte contribution des recettes fiscales, estimée à une hausse de 8,1% sur la même période.
Les recettes fiscales ordinaires, hors fiscalité des hydrocarbures, devraient croître de 7,3% en 2025, suivies de 7,2% en 2026 et 5,4% en 2027. Ces hausses sont essentiellement portées par les impôts sur les revenus, les produits divers du budget et les revenus des domaines de l’État.
Réduire la dépendance au financement public
L’un des objectifs principaux de cette politique est de réduire la dépendance du pays aux ressources publiques, qui ont financé principalement la croissance économique ces dernières années, et de favoriser un financement plus accru par le marché. Les réformes en cours visent ainsi à encourager les entreprises à lever des fonds sur le marché financier, plutôt que de dépendre systématiquement de l’État.
Dans cette optique, des initiatives ont été prises pour dynamiser la Bourse d’Alger et encourager les entreprises à se financer via des appels publics à l’épargne. Par exemple, la Banque de Développement Local (BDL) a récemment lancé un appel à l’épargne afin de renforcer ses fonds propres et d’élargir sa capacité à financer les projets d’investissement.
Canaliser l’informel vers le circuit officiel
Un autre axe majeur des réformes est la canalisation de l’économie informelle. L’Algérie cherche à amener les fonds hors banques vers le système bancaire officiel, en partie par le biais de moyens de paiement modernes tels que les terminaux de paiement électronique (TPE) et les paiements mobiles. L’objectif est de réduire l’usage du cash, ce qui facilitera la traçabilité des transactions et permettra une meilleure collecte fiscale. Ces actions visent à intégrer progressivement le marché informel dans le circuit économique formel, avec des incitations à la clé pour encourager la régularisation des pratiques fiscales.
Encourager les investissements dans les énergies renouvelables et autres secteurs
Les réformes financières algériennes ne se limitent pas à la fiscalité et au financement public. Elles visent également à attirer les investissements étrangers et à stimuler des secteurs stratégiques comme celui des énergies renouvelables. Le pays met en place un environnement favorable à l’investissement, avec un système de financement vert pour soutenir la transition énergétique et les projets d’infrastructure durable.
Une vision à long terme pour la diversification économique
Les réformes en cours visent à diversifier les sources de financement et à renforcer la résilience économique de l’Algérie. En élargissant l’assiette fiscale, en modernisant les services de recouvrement, et en attirant l’épargne vers le circuit financier officiel, l’Algérie cherche à établir une croissance économique plus durable et moins dépendante des fluctuations des recettes des hydrocarbures. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie à long terme visant à renforcer l’autonomie financière du pays et à soutenir un modèle de développement plus diversifié et résilient.
