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Le procès de Nicolas Sarkozy : « Financement libyen » et accusations de corruption

Par : Amani H.

À partir de ce lundi 6 janvier, l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, se retrouve face à la justice, jugé dans le cadre de l’affaire du « financement libyen » de sa campagne présidentielle de 2007. Avec lui, 12 autres personnes, dont plusieurs anciens ministres, devront répondre des accusations portées contre eux.

L’origine de l’affaire

Tout a commencé en 2011, lorsque Saïf al-Islam Kadhafi, le fils de l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a révélé dans une interview que des fonds avaient été envoyés depuis Tripoli pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Il affirme avoir été témoin de la livraison d’une première tranche d’argent à Claude Guéant, un proche de Sarkozy, à Tripoli. Cette déclaration a mis le feu aux poudres et a alimenté de nombreuses spéculations.

Les accusations contre Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy est principalement jugé pour “financement illégal de campagne”, “recel de détournement de fonds publics”, “corruption passive” et « association de malfaiteurs ». Il est accusé d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec le régime de Kadhafi, permettant à ce dernier de financer sa campagne de 2007 en échange de contreparties diplomatiques, telles que la réhabilitation de Kadhafi sur la scène internationale et l’annulation d’un mandat d’arrêt contre un responsable des services de renseignement libyens, Abdallah Senoussi, impliqué dans l’attentat de l’avion UTA en 1989.

Les conséquences pour Nicolas Sarkozy

Le retour de Nicolas Sarkozy devant la justice pourrait avoir des conséquences lourdes pour l’ex-président. En cas de condamnation, il encourt jusqu’à 10 ans de prison et une amende de 375 000 euros. Ce procès marque son cinquième devant les juridictions françaises et il comparaît cette fois avec un casier judiciaire. Ce point pourrait jouer contre lui dans cette nouvelle affaire.

Autres enquêtes en cours

Ce procès s’ajoute à plusieurs autres affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy. En plus de ce « financement libyen », il a été condamné à un an de prison avec bracelet électronique dans l’affaire des écoutes (l’affaire dite « Bismuth »), et il a aussi été reconnu coupable dans l’affaire « Bygmalion », concernant les dépenses excessives de sa campagne de 2012. De plus, une enquête en cours s’intéresse à ses activités de conseil en Russie, et un autre dossier examine un dîner avec des dirigeants qataris en 2010, en lien avec l’attribution controversée de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

Les autres protagonistes de l’affaire

Outre Nicolas Sarkozy, plusieurs autres personnalités sont jugées dans le cadre de ce dossier. Ziad Takieddine, un homme d’affaires franco-libanais, a été l’un des premiers à affirmer détenir des preuves concernant le financement libyen. Fugitif au Liban pendant plusieurs années, il a finalement confirmé ses accusations en 2021, après une rétractation en 2020.

Claude Guéant, l’ex-secrétaire général de l’Élysée, est également jugé. Il est accusé d’avoir joué le rôle d’intermédiaire pour faciliter les transferts de fonds libyens, et il aurait lui-même reçu un virement de 500 000 euros en 2008. Ce virement est lié à la vente de tableaux à un avocat malaisien, un élément qui a attiré l’attention de la justice.

Autre acteur clé, Alexandre Djouhri, un homme d’affaires franco-algérien, est également impliqué. Proche des réseaux de la Françafrique, il est accusé d’avoir facilité le détournement des fonds publics libyens.

Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur, et Éric Woerth, ancien ministre du Travail et du Budget, sont aussi jugés pour leur rôle dans la gestion des fonds libyens. Woerth, en particulier, est mis en examen pour “complicité de financement illégal de campagne” et a reconnu avoir distribué des dons en espèces pendant la campagne de 2007.

Durée du procès

Le procès de Nicolas Sarkozy et de ses coaccusés se tiendra jusqu’au 10 avril. Cette affaire pourrait marquer un tournant majeur dans le parcours judiciaire de l’ex-président, et les conséquences pour sa réputation et son avenir politique sont incertaines.

Ce procès est un nouveau chapitre dans une série de procédures judiciaires qui ont jalonné la carrière de Nicolas Sarkozy, renforçant l’attention portée à l’ancien président dans les mois à venir.

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