Actualités éditorial 

Frénésie urbanistique

PAR MOURADE NINI

Le propos est loin de vouloir nuire, fustiger ou accuser qui que soit. Des promoteurs immobiliers honnêtes, compétents et sans reproche, il y en a encore heureusement. Par contre, la critique sèche va à la frénésie urbanistique. Cette frénésie s’est emparée de la plupart de nos villes et, elle caracole au gré des anarchies et des enrichissements. Faut dire que les années fastes ont enfanté des tissus urbains sans aucune harmonie où le gris domine pendant que le vert est devenu suspect. On ne respire que de l’asphalte et du béton. Non, la critique sèche n’y peut rien. Et, quand on a vurécemment la bâtisse en construction sur une falaise du coté de Bir Mourad Raïs à Alger, on pense à des centaines, des milliers d’autres à Annaba, Blida, Skikda ou Jijel. Elles menacent de s’effondrer d’un moment à l’autre…

On n’est pas dans un mauvais rêve. C’est la réalité qu’ont rapporté certains journaux au lendemain des pluies diluviennes, en début de semaine. La bâtisse de Bir Mourad Raïs n’est en fait que la photo copie reproduite à l’infini à travers le pays. Des constructions réalisées à la va-vite avec l’aval d’une administration locale consentante ne sont-elles pas mortifères ? Promoteurs, architectes, entrepreneurs et responsables de l’urbanisme doivent répondre à la question. Nous, on constate simplement que la machine à laver du fric a dû tourner à fond la caisse. La sécurité du citoyen-acquéreur étant dernière roue de la charrette, c’est un véritable crime qui sous-tend derrière cette frénésie. L’urbanisme est cimenté d’un affairisme frelaté et les constructions y poussent loin du bien commun. Ni harmonie, ni réflexion pour la circulation automobile, ni pour les espaces piétons et ne parlons pas des espaces de loisir. Permis de construire, certificats de conformité, actes et livrets fonciers, tout n’est que paperasse arrivant à des  apparts coûtant quatre ou cinq milliards l’unité. Et, ça trouve acquéreurs (…). Il est vrai que les milliards ont supplanté les millions et que le ‘’mine yleikahada ?’’ du socialisme à la Boumediene mais, c’est trop fort de café pour un salarié lambda. Enfin, le créneau est plus que juteux et, ça reste un crime urbain cette fois-ci. Les experts ont alerté, ont dénoncé des constructions trop élevées en étages, sur des falaises, voire sur oueds asséchés mais, l’immobilier promeut sa rapidité d’exécution. Expédiant ses plans, tirés sur la comète lucrative, cet immobilier défie l’entendement des lois de la gravitation en ce troisième millénaire. Ces lois existent pourtant depuis longtemps mais, elles prennent souvent des chemins tellement escarpés que l’urbanisme s’y perd. ‘’On ne bâtit pas sur du vent’’ dit le proverbe. Faudrait savoir de quel vent. Espérons toutefois que les responsabilités soient clarifiées par ces temps de changement, toutes filières confondues. Que des responsables visionnaires et déterminés à prendre sérieusement le taureau par les cornes évitent à nos villes la cata ! Les mauvais jours sonnent à la porte des jours d’hiver avec leur lot de pluies diluviennes, de vents tempétueux et de froids glaçants. Les milliards n’y pourront rien. Seule la détresse risque d’être en vitrine. On l’espère à personne, puisse-t-il être sur un jardin enchanté (…).

La nature du tissu urbain a un impact indéniable sur la vie du citoyen. Et, ce sont les compétences urbanistiques et techniques alentours qui sont supposées adapter les méthodes de gestion et de développement d’une ville telle que Annaba, Alger ou n’importe laquelle des localités hantées par cette frénésie urbanistique…

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