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Mégaprojet intégré de phosphate : Un levier économique à 100% algérien

Par : Amani H.

Le complexe intégré de transformation et de production de fertilisants à Oued
Keberit (Souk Ahras), ainsi que la mine de Bled El Hadba (Tébessa),
représentent un projet stratégique pour l’Algérie, visant à assurer son
autosuffisance en matière de fertilisants agricoles. Ce mégaprojet, qui englobe
la production d’acide sulfurique, d’acide phosphorique et d’ammoniac,
constitue un levier essentiel pour le développement de l’agriculture nationale
et la sécurité alimentaire.
Dans une intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, Nadia
Benyoussef, directrice centrale au groupe Sonatrach, a mis en avant
l’importance de ces deux chantiers pour l’Algérie. Selon elle, ce projet est « une
pierre angulaire » pour garantir l’autosuffisance du pays en produits
fertilisants, nécessaires pour stimuler la production agricole et assurer la
sécurité alimentaire. En plus de cet impact direct sur l’agriculture, ces projets
devraient générer un nombre conséquent d’emplois pour les jeunes de la
région.

Emploi et développement régional

La mise en œuvre de ces projets devrait créer un nombre impressionnant
d’emplois directs et indirects. En tout, ce sont 12 000 postes d’emploi directs
qui seront nécessaires pour la réalisation des sites, avec 6 000 autres dans la
transformation des produits. De plus, environ 24 000 emplois indirects seront
générés dans des secteurs annexes tels que la logistique, le fret et d’autres
activités liées à l’exploitation de ces sites. Ces chiffres témoignent de l’ampleur
économique du projet, qui s’appuie sur une réserve de 1,4 milliard de tonnes
de phosphate, avec une production prévue de 841 millions de tonnes.
Grâce à ces ressources naturelles, l’Algérie se positionne parmi les 10 premiers
pays mondiaux en termes de réserves de phosphate, ce qui renforce son rôle
stratégique dans la production d’engrais phosphatés et azotés. Cette richesse
constitue la base d’une industrie en pleine expansion, répondant à un besoin
croissant tant sur le plan national qu’international.

Un projet intégré et technologique

Le processus d’exploitation de ce mégaprojet se décompose en plusieurs
étapes clés. À Bled El Hadba, la mine permettra l’extraction de phosphate brut,
avec une capacité de production de 10,5 millions de tonnes par an. Ce
phosphate sera ensuite enrichi sur place pour améliorer sa teneur en P2O5 et
réduire l’oxyde de magnésium. Après cette phase d’enrichissement, le
phosphate brut sera transformé à Oued El Keberit en fertilisants phosphatés.
Parallèlement, du gaz naturel sera utilisé pour produire de l’ammoniac, une
matière première pour la fabrication d’engrais azotés comme l’urée.
Le complexe sera divisé en deux grandes parties : l’amont, qui concerne
l’extraction et l’enrichissement du phosphate, et l’aval, qui englobe la
transformation chimique en engrais. Le chantier de la mine a déjà démarré et
les travaux pour la partie amont devraient durer entre 12 et 18 mois. Pour la
partie aval, les études préliminaires ont commencé, y compris les tests
d’enrichissement et les premières analyses pour déterminer les besoins en
infrastructure, notamment un quai portuaire dédié à l’exportation des produits
finis à partir du port d’Annaba.

Un projet à 100% algérien

Le projet est porté par une expertise 100% algérienne. La société Sonarem,
spécialisée dans l’exploitation minière, est chargée de la gestion de la mine de
phosphate, tandis que Sonatrach, le géant énergétique algérien, supervise la
partie transformation et production. Ce projet représente un investissement
global estimé à 1,5 milliard de dollars, une somme qui pourrait augmenter au
fur et à mesure de l’avancement des études techniques.
Ce projet, qui se déploie sur trois sites distincts (Bled El Hadba, Oued El Keberit,
et le port d’Annaba), est un modèle de diversification économique et
d’autosuffisance pour l’Algérie. En plus d’impulser un développement local
important, il renforce la position du pays sur le marché mondial des engrais,
tout en répondant à ses besoins internes en matière de fertilisation agricole.

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