Tunisie : Manifestation contre Kaïs Saïed avant une élection présidentielle controversée
Par : La rédaction
Environ 800 personnes ont manifesté à Tunis le 4 octobre, dénonçant les atteintes aux libertés publiques et appelant au boycott de l’élection présidentielle prévue dimanche. Les manifestants ont exprimé leur mécontentement face à la situation politique actuelle, qualifiant le scrutin de « mascarade » dans un pays qui a vu naître le printemps arabe.
« Ni peur ni terreur, le pouvoir est entre les mains du peuple », scandaient les participants au défilé sur l’avenue principale de la capitale, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). La Tunisie se prépare à élire son nouveau président dans un climat de tension croissante, marqué par des inquiétudes sur le respect des droits et des libertés, particulièrement depuis que Kaïs Saïed a consolidé ses pouvoirs à l’été 2021.
Depuis le printemps 2023, plusieurs opposants politiques, dont des figures importantes, ont été arrêtés sous des accusations de « complot contre la sûreté de l’État ». Des syndicalistes et des avocats ont également été emprisonnés en vertu d’une loi controversée sur les « fausses nouvelles », tandis que les associations dénoncent un contrôle accru sur leurs financements étrangers.
Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), a déclaré : « La rue reste active pour dénoncer les violations des libertés et des droits humains à deux jours des élections. » Il a précisé que les manifestants se sont rassemblés pour exprimer leur rejet des atteintes à la démocratie et aux acquis de la révolution, en particulier la liberté d’expression et le droit au travail associatif.
Pour encadrer le rassemblement, la police a déployé des unités antiémeutes et des camions à eau. Les manifestants, incluant de nombreux jeunes et artistes, ont critiqué la légitimité du processus électoral. L’actrice Leila Chebbi a déclaré : « Kaïs Saïed a piétiné les libertés. Je boycotte des élections qui ne respectent pas la loi. »
Les protestataires ont qualifié le président Saïed de « pharaon manipulateur de la loi », en référence à un processus électoral jugé défaillant, où seulement trois candidats sur dix-sept ont pu se présenter, en raison de conditions de parrainage restrictives et de l’emprisonnement de certains prétendants.
Sur des pancartes, on pouvait lire des slogans tels que « Pays de répression et dictature » et « Fête électorale transformée en coup d’État », alors que les manifestants appelaient à la « chute du régime », reprenant le slogan emblématique du soulèvement populaire qui a mis fin au régime de Zine El-Abidine Ben Ali en 2011.