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L’inadaptation des espaces scolaires : un handicap à l’apprentissage des élèves à mobilité réduite

L’école de la république est fondamentalement inclusive.  Aussi La scolarité d’un enfant en situation de handicap est un droit protégé par la loi. Cependant, l’accessibilité des écoles est un obstacle qui perdure. Comment venir à bout de ce problème ? Par l C’est un enjeu fondamental d’équité : l’école algérienne doit être inclusive. La scolarité d’un enfant en situation de handicap est un droit protégé par la loi. Cependant, l’accessibilité des écoles est un obstacle qui perdure. e respect de la loi.

À l’association des handicapés moteurs El Amel Oua 3amel ( Espoir et travail ) à Bab El Oued, la présidente Hazia Rezig finalise les derniers détails pour l’aménagement de trois écoles avant la rentrée scolaire. Sollicité par l’association Dzayer Bénévole, Hazia Rezig explique que les fonds ont été mobilisés par un bienfaiteur.

«La majorité des sanitaires des écoles sont inadaptés. Ce sont des toilettes à la turque et les rares écoles avec des toilettes anglaises ne sont pas accessibles aux personnes handicapées. Il faut que l’entrée soit large pour qu’une personne sur chaise roulante puisse passer. La porte doit se fermer de l’extérieur. Il faut installer des rampes et la hauteur de la cuvette ne doit pas dépasser les 50 cm, etc. Ce projet me tient à cœur car il va faciliter la vie à beaucoup d’élèves en situation de handicap», décrit-elle.

Hazia Rezig est membre de l’Observatoire national de la société civile. Dans un courrier adressé récemment au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, elle explique que l’Algérie perd à chaque élection 4 millions et demi de voix. Pourquoi ? Les bureaux de vote en l’occurrence les écoles ne sont pas accessibles aux personnes handicapées.

«Suite à mon courrier, une journée d’étude a été organisée autour du thème de l’accessibilité à laquelle nous avons participé en tant qu’association. Dans notre plaidoyer, nous avons attiré l’attention sur l’existence des lois et des textes d’application qui ne sont pas respectées», souligne-t-elle.

La présidente de l’association ne lésine sur aucun effort pour promouvoir les droits des personnes handicapées. Elle estime que la scolarité est indispensable pour l’autonomie économique.

«Un handicap est lourd financièrement. Il y a le matériel de déplacement, l’adaptation du lieu de vie, les séances chez le kinésithérapeute et j’en passe. Le renforcement de l’autonomie économique des personnes invalides commence par la scolarisation», insiste Hazia Rezig.

 «C’est littéralement sur mon dos que Faiz a pu arriver jusqu’à la fin du cursus primaire », confie Fazia Bagouzi qui précise fièrement que son fils rejoindra les bancs du collège à la rentrée scolaire. Mais l’inquiétude se lit également sur son visage. Admis au collège d’El Kattar, une autre école qui ne dispose pas des commodités nécessaires pour une personne à mobilité réduite.

La scolarisation de Faiz est semblable aux parcours du combattant. Ce jeune garçon de 18 ans est sur la chaise roulante et a des difficultés au niveau de ses mains. Les deux premières années de sa scolarisation se sont déroulées normalement à l’école primaire Amina à Bab El Oued. À partir de la troisième année, il est contraint de quitter l’école. Faiz se fait opérer à huit reprises et ne reprendra l’école que 4 ans plus tard.

À la question de comment Faiz accède à l’école, Fazia confie que les difficultés commencent dès que le seuil de la porte de la maison est franchi. Pas de transport scolaire, route inadaptée, arbre au milieu du trottoir et bien d’obstacles à surmonter quotidiennement.
Les difficultés atteignent leur paroxysme au niveau de l’école.

«Ma hantise, ce sont les marches à l’entrée de l’école. Je dois porter Faiz sur mon dos et le faire entrer à l’école pour ensuite aller récupérer la chaise. Je me repose un peu avant de l’emmener dans sa classe qui est au premier étage. Je reste ensuite dans le cours pour l’emmener aux toilettes pendant la récréation. Je vous décris sommairement les difficultés mais en réalité, c’est bien plus compliqué», informe Fazia.

Comme beaucoup de parents d’enfants porteurs de handicap, c’est très difficile de trouver un emploi. Fazia dit qu’elle réserve tout son temps à son fils. Rattrapée par la précarité, elle a dû trouver une solution pour travailler et s’occuper de Faiz.

«Quand Faiz a repris l’école, je me suis formée à la Direction de l’action sociale et de la solidarité de la wilaya d’Alger pour devenir surveillante dans la classe spécialisée de mon fils. Je touche seulement 5.000 par mois mais ça m’a permis d’accompagner Faiz dans sa scolarité », dit-elle.

Fazia se dit inquiète pour la rentrée prochaine. Le CEM El Kettar de Bab El Oued ne dispose pas de classe spécialisée. «Faiz appréhende cette rentrée. Il était très motivé à l’idée d’aller au collège pour avoir des amis et vivre son adolescence comme un enfant normal, mais sans accompagnement, c’est quasiment impossible. On espère que d’ici la rentrée des mesures seront prises», déplore-elle.

L’architecte Smaïl Belgacem indique que les normes internationales appliquées en Algérie stipulent clairement qu’aucun obstacle ne doit entraver le déplacement des personnes à mobilité réduite. Concernant les écoles, celles-ci doivent disposer dès l’entrée de rampe ne dépassant pas les 4 % de hauteur. Les classes, les sanitaires et les laboratoires doivent impérativement être au premier étage, etc.

«Il y a un cahier des charges qui sort de la direction générale des équipements publics qui contient toutes les conditions d’accessibilité au niveau des écoles. Une nouvelle instruction a été introduite récemment par le ministère de l’Habit qui exige qu’au moins un logement de fonction au sein des établissements scolaires soit aménagé pour des personnes handicapées», précise-il.

Smaïl Belgacem indique qu’avant d’entamer les travaux d’une école, le plan est soumis à la validation de la Direction de l’éducation.

«Les textes d’application sont convertis en clause des cahiers des charges. Ce cahier des charges est établi au niveau de la Direction générale des équipements publics en collaboration avec la Direction de l’éducation de chaque wilaya. Le contrôle ne se fait ensuite pas la commission locale de conformité. Mais parfois le manque d’information et de formation mène aux problèmes d’inaccessibilité», explique Smail Belgacem.

Pour ce dernier, la construction en tenant compte des besoins des personnes handicapées n’est pas un grand défi. Il est primordial de faire preuve de conscience pour résoudre les problèmes d’accessibilité urbaine pour les personnes à mobilité réduite. L’enseignement des architectes devra ensuite être renforcé par des formations continues sur les normes d’accessibilité.

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