Réchauffement des relations algéro-nigériennes : Tebboune dissipe les zones d’ombres
Le premier Ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine, qui sortait, avec sa délégation, d’une audience de deux heures avec Abdelmadjid Tebboune a nettement déclaré « nous avons ressenti l’absence de l’Algérie lorsque nous étions sous la menace d’une intervention.»
En effet, les nouveaux maîtres de Niamey ont accentué leur isolement en refusant l’offre de médiation d’Alger et en rejetant sa proposition de sortie de crise après le coup d’État contre le président Mohammad Bazoum. Le Niger s’est retrouvé non seulement sous le coup de sanctions de la Cédéao mais aussi sous la menace d’une intervention militaire de la force en attente de l’organisation.
Les autorités de transition au Niger se sont finalement réapproprié les trois valeurs cardinales de la relation avec l’Algérie, actualisées à l’occasion de cette visite en Algérie qui se veut d’ailleurs un moment d’impulser une nouvelle dynamique aux relations bilatérales : le premier ministre nigérien a évoqué ainsi le bon voisinage, la fraternité et l’amitié. Des valeurs qui transcendent les aspects politiques et les questions économiques des relations entre Etats. Cela d’autant plus, a expliqué le chef de l’exécutif nigérien, que «les explications données par le président Tebboune nous ont touchés».
Il précisera d’ailleurs, à ce propos, reconnaissant implicitement une incompréhension ou une mésentente, avoir bien saisi le sacro-saint principe de la doctrine diplomatique algérienne qui rejette toute intervention ou ingérence étrangère dans les pays en crise. La question a été au menu des discussions, a-t-il indiqué. L’explication a donc levé l’équivoque sur la question de la souveraineté dont le gouvernement nigérien semble enfin saisir le sens algérien du terme. Chose que le Niger considérait comme des zones d’ombre, objet d’une incompréhension entre Niamey et Alger.
Et pour signifier le retour à la normale des relations entre les deux pays et la volonté de les pousser plus loin, le Niger a invité l’Algérie à investir, considérant que le pays regorge de richesses et de ressources naturelles. Cela d’autant plus que l’Algérie, a souligné le PM nigérien, dispose d’une longue expérience et d’une expertise en matière d’exploitation des ressources naturelles.
Le Niger retrouve sa souveraineté, recouvre doucement sa souveraineté sur ses richesses mais au prix d’un dur isolement diplomatique. Reconnaît-il, avec un peu de retard, des tergiversations, la constance de la position de l’Algérie, le grand voisin du nord, le pays frère et ami, comme le désigne M. Zeine, sur la question de la souveraineté des Etats et son rejet des ingérences étrangères, un rejet qui fait partie de ses principes immuables en matière de relation étrangères.
Il faut reconnaître qu’avant d’arriver à l’étape d’aujourd’hui, un énorme travail dans l’ombre a été effectué dont les premiers résultats ont été, entre autres, l’invitation de Sonatrach à s’installer dans le pays.
Plus en profondeur, ce sont les accords sécuritaires et militaires qui intéressent les deux pays. Ces accords ont pour objectifs la mutualisation des efforts pour lutter contre le terrorisme qui continue de déstabiliser la région du Sahel pour assurer un retour à la stabilité politique des pays de cette zone.
Le Niger ouvre la voie au retour politique et diplomatique de l’Algérie dans la région et servira également d’exemple au Mali où les combats armés entre l’armée et les rebelles du nord ont repris après l’enterrement de l’accord d’Alger, alors que les autorités de transition accusent toujours l’Algérie de tous les malheurs du pays pour éviter d’être responsables de l’échec politique, économique et sécuritaire du pays.
L’attitude adoptée par le Niger va certainement impacter sur les attitudes du Mali et du Burkina Faso, même si les relations avec ce dernier ne sont pas tendues comme avec le Mali.
Il est indéniable que l’Algérie constitue un facteur déterminant dans la stabilisation de la région et la lutte contre le terrorisme. Niamey l’a bien compris.